Les comptes publics portugais bénéficieront cette année d'un excédent de liquidités "d'environ deux milliards d'euros" qui permettront de soutenir l'économie, a indiqué dimanche le Premier ministre portugais Pedro Passos Coelho.
"Il existe un excédent d'environ deux milliards d'euros", avait déclaré M. Passos Coelho dans un entretien publié dimanche par le quotidien Publico.
Cet "excédent de liquidités", obtenu grâce aux recettes extraordinaires provenant du transfert de fonds de pension de la banque vers les comptes de la Sécurité sociale et de l'Etat, va soutenir l'économie dans la mesure où il permettra à "l'Etat de régulariser des dettes" aux fournisseurs et apportera des liquidités aux banques, a-t-il expliqué dimanche après-midi.
L'économie portugaise actuellement déprimée, devrait s'enfoncer davantage dans la récession l'année prochaine. D'après les prévisions officielles, le PIB devrait se contracter en 2012 de 3%, soit la plus mauvaise performance de l'UE.
Le chef du gouvernement a assuré en outre que "le déficit de cette année ne sera pas remis en cause grâce au transfert des fonds de pension de la banque" qui représente "près de six milliards d'euros" au total.
"Cette mesure exceptionnelle était le seul moyen dont disposait l'Etat pour respecter un déficit à 5,9%" du PIB (contre 9,8% en 2010), l'objectif fixé par les bailleurs de fonds du Portugal en échange d'un programme d'aide financière, a-t-il précisé aux médias portugais lors d'un déplacement à Porto (nord).
Ce transfert "permettra même de rester sous le seuil des 5,9%", a-t-il souligné, ajoutant que "l'année prochaine il faudra baisser davantage les dépenses".
"Nous ne pourrons plus utiliser les fonds de pension et d'autres mesures exceptionnelles pour réduire le déficit... On ne peut pas avoir recours à cette mesure extraordinaire une nouvelle fois", a-t-il dit.
Troisième pays de la zone euro après la Grèce et l'Irlande à faire appel à une aide exceptionnelle, le Portugal a obtenu en mai un prêt de 78 milliards d'euros du Fonds monétaire international et de l'Union européenne.
En échange de cette aide, le gouvernement s'est engagé à mettre en oeuvre un vaste programme de rigueur, qui doit lui permettre de ramener le déficit public à 4,5% du PIB en 2012 et à 3% en 2013. Mercredi, le Parlement a définitivement adopté un budget pour 2012 d'une rigueur draconienne qui doit permettre au Portugal d'assainir ses finances.
Par ailleurs, M. Passos Coelho a plaidé pour la création "d'un gouvernement économique" qu'il a jugé "essentiel pour que l'Europe soit solidaire".
"Le Portugal a perdu une partie de sa souveraineté, car il a dû emprunter beaucoup d'argent en raison d'une mauvaise gestion de ses finances et de son économie", a-t-il affirmé.
"Quand des pays indisciplinés mettent d'autres Etats en péril, il est normal que ceux qui gèrent bien leurs économies et prêtent de l'argent souhaitent avoir des garanties en échange", a-t-il fait valoir avant d'ajouter que les responsables de la crise portugaise "ne sont ni Monsieur Sarkozy, ni Madame Merkel, ni l'Europe".