La Grèce pourrait avoir besoin d'une perfusion supplémentaire de ses partenaires européens pour compenser une participation insuffisante des créanciers privés à l'effacement prévu de 100 milliards de sa dette, a indiqué jeudi le ministre adjoint aux Finances, Philippos Sahinidis.
"Si la participation (des créanciers privés NDLR) n'est pas de 100%, alors un soutien plus important de nos partenaires sera nécessaire", a affirmé M. Sahinidis lors d'un entretien à la radio athénienne Skaï, cité par le site de la station.
Il commentait une déclaration attribuée par le quotidien allemand Handelsblatt à la directice du FMI, Christine Lagarde, selon laquelle il faudrait augmenter d'"un montant significatif en dizaines de milliards" d'euros l'aide à la Grèce.
Le gouvernement grec a affiché mercredi son optimisme sur la marche de ses négociations avec le secteur privé pour cette opération d'échange d'obligations, censée être volontaire, tandis que selon des sources gouvernementales jeudi, l'espoir d'Athènes est de boucler un accord la semaine prochaine.
Une nouvelle rencontre "importante" entre les dirigeants grecs et les représentants des créanciers privés est prévue vendredi, a pour sa part annoncé le ministre des Finances, Evangélos Vénizélos, à l'issue d'une première rencontre avec Charles Dallara, patron de l'Institut de la Finance Internationale (IIF), et Jean Lemierre, négociateur côté banques détaché par BNP Paribas, ainsi que le Premier ministre Lucas Papademos.
"Nous attendons une nouvelle importante ce soir", a ajouté sans plus de détails M. Vénizélos, invoquant une réunion à Bruxelles du groupe de travail de la zone euro consacrée à l'opération grecque.
Selon une autre source proche des négociations, la participation des créanciers privés, au prix de pertes d'environ 50% de leurs mises, reste actuellement inférieure à 70%.
Une telle participation serait insuffisante pour tenir les objectifs assignés à l'opération par la zone euro, dans le cadre de son deuxième plan de sauvetage de la Grèce mis au point fin octobre, soit l'effacement de 100 milliards de la dette souveraine, afin de la ramener à 120% du PIB en 2020 contre plus de 160% actuellement.
Dans cette perspective, experts et médias évoquent depuis plusieurs semaines l'hypothèse d'une rallonge du soutien financier accordé à la Grèce par la zone euro, ou d'une prise en compte dans l'opération d'échange de titres, jusque-là totalement exclue par sa direction, des obligations souveraines grecques détenues par la Banque centrale européenne (BCE).
"Cette question doit être débattue à Bruxelles jeudi soir" a indiqué une source gouvernementale grecque jeudi.
Selon la télévision grecque Méga, les deux principaux négociateurs grecs, dont le chef de l'Agence de la dette Pétros Christodoulou, se trouvaient jeudi à Bruxelles.
Dans une réponse à une question parlementaire d'un député de droite, critiquant le refus de la BCE de mettre en jeu les plus de 50 milliards d'obligations grecques qu'elle détient, le ministre adjoint M. Sahinidis a justifié l'approche de la BCE.
Le rachat par cet organisme d'obligations souveraines sur le marché secondaire face à l'aggravation de la crise de la dette en Europe "vise à stabiliser le marché obligataire et ne constitue pas une décision d'investissement avec une prise de risque", a souligné M. Sahinidis, cité par l'agence de presse grecque Ana.
Selon une source gouvernementale grecque, les obligations achetées en direct par la BCE ne devraient pas être prises en compte dans l'opération d'effacement de dette, mais la question se pose pour les titres qui ont été apportés en garantie (collateral) à la BCE par les banques grecques pour obtenir des liquidités.