Le président français Nicolas Sarkozy a défendu jeudi à Davos, devant un parterre de grand patrons, sa volonté de mettre en place à la tête du G20 une meilleure régulation du système monétaire ou des marchés des matières premières, et promis de défendre l'euro jusqu'au bout.
Pendant plus d'une heure, M. Sarkozy a patiemment expliqué aux dirigeants politiques ou chefs d'entreprises, invités du 41e Forum économique mondial, organisé dans la station de sports d'hiver suisse, les priorités de la présidence française des G8 et G20. Il s'est efforcé de les rallier à la nécessité de lutter "tous ensemble" contre les grands déséquilibres qui menacent la croissance de la planète.
"C'est la coordination des politiques économiques mise en place par le G20 (...) qui a permis d'éviter que la crise se prolonge. C'est cette coordination qu'il faut approfondir", a-t-il plaidé en mettant en garde ceux qui "peuvent être tentés d'aller moins vite" une fois passé l'orage de la crise.
Alors que les déséquilibres des changes, le rôle du dollar, l'abaissement de la note financière du Japon ou les demandes occidentales de réévaluation du yuan sont au coeur des débats de Davos, Nicolas Sarkozy a insisté sur la nécessité de réformer le système monétaire international bâti en 1945.
"Qui, ici, peut se lever pour me dire que la situation du monde en 2011 a quelque rapport avec la situation du monde en 1945?", a lancé le chef de l'Etat, répétant que "le dollar est (et) restera la première monnaie du monde". Il a également affiché sa volonté de faire du Fonds monétaire international (FMI) "l'organisation mondiale en charge des équilibres macroéconomiques".
Nicolas Sarkozy s'est livré à une défense sans ambiguïté de l'euro. "Je peux vous assurer que, aussi bien Mme (Angela) Merkel (la chancelière allemande) que moi-même, jamais, vous m'entendez jamais, nous ne laisserons tomber l'euro, jamais", a-t-il lâché, évoquant les "conséquences cataclysmiques" d'une disparition de l'euro.
Comme en écho, le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet a, lui, assuré qu'il n'y avait actuellement "pas de crise de l'euro", même s'il a reconnu qu'il fallait en améliorer la surveillance.
M. Trichet également défendu le bilan de la BCE en soulignant qu'en douze ans, elle était parvenue à maintenir la stabilité des prix à la moyenne de 1,97%, soit très exactement l'objectif qu'elle s'est fixée.
Le président français a également prêché la régulation sur les marchés des matières premières, dont l'instabilité est pour lui "un des éléments majeurs de risques pour la croissance mondiale".
A un seul moment de la discussion, Nicolas Sarkozy a abandonné le ton modéré qu'il s'est imposé en tant que président des G8 et G20.
En réponse au PDG de la banque américaine JP Morgan, James Dimon, qui lui suggérait de "faire une pause" dans la régulation financière, il a brièvement retrouvé les accents de l'an dernier, lorsqu'il avait dénoncé sans fard devant les banquiers les dérives du capitalisme financier.
"Un jour l'incroyable s'est produit. L'a-t-on déjà oublié ? Une des grandes banques américaines a fait faillite", a-t-il rappelé, "ça a créé beaucoup de colère, M. le président, et beaucoup de souffrances (...), on sera sage, on sera raisonnable, mais, ne vous trompez pas, on sera déterminés".
A quelques jours d'une déplacement dimanche à Addis Abeba (Ethiopie) pour un sommet de l'Union africaine (UA), Nicolas Sarkozy s'est prononcé pour la mise en place d'une taxe "infinitésimale" sur les transactions financières pour "tenir les promesses" de l'aide au développement.
Conscient de l'hostilité de nombreux pays, il a toutefois suggéré qu'un "groupe de pays leaders" l'adopte pour montrer l'exemple, comme l'a encore demandé jeudi le chanteur Bono, co-fondateur de l'organisation humanitaire ONE.