La reprise des investissements étrangers directs dans le monde ne devrait pas être vraiment sensible avant deux ans, après une chute sévère en 2009, selon une étude de la Conférences des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced) publiée mercredi.
Une légère reprise des investissements étrangers directs par les sociétés transnationales (STN) "devrait se manifester en 2010 et s'accentuer en 2011", selon l'enquête annuelle de la Cnuced sur les tendances de l'investissement international.
Jusqu'à 85% des 241 entreprises interrogées par les experts de l'agence onusienne jugent que le ralentissement de l'économie mondiale a eu un impact négatif sur leurs plans d'investissements (contre seulement 40% dans l'étude de 2008).
"Dans cet environnement turbulent, les grandes STN prévoient de réduire leurs investissements étrangers directs en 2009, un début de reprise en 2010 et un rebond beaucoup plus marqué en 2011", selon l'étude de la Cnuced.
Au total, "58% des entreprises ayant répondu à l'enquête ont l'intention de réduire leurs investissements en 2009 par rapport à 2008, de manière conséquente pour près d'un tiers d'entre elles", notent les experts de la Cnuced.
"Cependant, la tendance persistante à l'internationalisation des entreprises --qu'il s'agisse de la production, des ventes ou des emplois-- devrait permettre un rebond marqué de l'investissement international à l'horizon 2011. La moitié des entreprises ayant répondu à l'enquête prévoient que le niveau de leurs investissements étrangers directs sera supérieur en 2011 à celui atteint en 2008", indique l'étude.
Les flux d'investissements internationaux avaient atteint 1.400 milliards de dollars en 2008, soit un cinquième de moins qu'en 2007, année record. Les investissements étrangers directs ont chuté de 54% durant le premier semestre de 2009 par rapport à la même période en 2008, selon les données de la Cnuced publiées en mai dernier.
L'industrie, durement touchée par la baisse des investissements au cours des derniers mois, devrait tarder à récupérer, selon les experts de la Cnuced, qui craignent aussi les effets négatifs du protectionnisme.
"Les perspectives pour les investissements étrangers directs dans le secteur primaire --mines, agriculture-- et les services restent positives pour les prochaines années, mais sont moins optimistes pour le secteur industriel", a indiqué M. James Zhan, directeur à la Cnuced.
"Ce sont les sociétés transnationales actives dans les secteurs les plus sensibles à la conjoncture, comme l'automobile, les industries intermédiaires et les biens d'équipement électriques et électroniques qui expriment les vues les plus négatives", relève l'étude de la Cnuced. "A l'inverse, les perspectives sont mieux orientées dans les secteurs bénéficiant de marchés plus stables, comme les industries agro-alimentaires, ou de perspectives de croissance plus favorables, comme de nombreux services."
M. Zhan craint par ailleurs "une nouvelle vague de nationalisme économique dans le sillage de la crise économique, lorsque la sortie des investissements publics pourrait conduire les +champions nationaux+ à recourir au protectionnisme pour échapper à des prises de contrôle par des investissements étrangers".
En termes géographiques, les STN des pays en voie de développement, en particulier asiatiques, "sont plus optimistes que la moyenne en ce qui concerne les perspectives d'investissements étrangers directs", notent les experts de la Cnuced.
Parmi les pays développés, les entreprises japonaises et européennes sont moins optimistes que les américaines, selon l'étude.
Comme l'an dernier, la Chine, les Etats-Unis, l'Inde, le Brésil et la Russie sont les cinq pays qui sont considérés comme offrant le meilleur potentiel d'attractivité. Cependant, les Etats-Unis (qui passent de la 3ème à la 2ème place) et le Brésil (de la 5ème à la 4ème place) améliorent leur position, au détriment de l'Inde et de la Fédération de Russie.