La production française de vin 2015, affectée par la sécheresse, devrait finalement être meilleure que prévu, et même dépasser celle de l'an dernier grâce aux pluies de la fin de l'été qui ont inversé la tendance pour le cognac et le bordeaux.
Attendue en baisse mi-août, la récolte de vin française est désormais annoncée en hausse en raison de pluies prolifiques dans l'ouest, a indiqué mercredi le service statistique du ministère de l'Agriculture.
D'après des données arrêtées au 1er octobre, Agreste table sur une hausse de 1,2% de la production hexagonale, à plus de 47,6 millions d'hectolitres contre moins de 47,1 millions d'hectolitres en 2014.
La première estimation établie mi-août tablait à l'inverse sur une baisse de plus de 1%, à 46,5 millions d'hectolitres.
Le début d'été caniculaire avait en effet ralenti la maturation des baies de raisin et précipité le début des vendanges dans les principaux vignobles.
Mais d'abondantes précipitations ont arrosé l'ouest de la France fin août et au mois de septembre et provoqué un retournement de tendance.
L'effet de ces pluies est spectaculaire dans les Charentes, où la production de cognac est revue "en forte hausse" d'un million d'hectolitres.
Dans cette région, "le poids des grappes atteint l'une des valeurs les plus élevées de la décennie" et la récolte, qui devrait s'achever "avant la mi-octobre", est désormais prévue en hausse de 6%, contre une baisse de 6% anticipée fin août.
La météo a également été favorable dans le Bordelais, où une progression de 2% est attendue au lieu du repli de 1% précédemment annoncé, les vendanges s'y déroulant "dans de bonnes conditions".
Dans le Val de Loire aussi, "les pluies importantes en septembre ont permis de rehausser le niveau de production", estimé en hausse de 7% au lieu d'une prévision stable mi-août, même si "l'effet de la sécheresse sur les rendements est perceptible en région Centre, notamment dans le Cher".
- production "très amputée" dans le Beaujolais -
Les vendanges sont nettement moins opulentes dans l'est, en particulier en Bourgogne et dans le Beaujolais, où la production recule plus que prévu après de fortes chaleurs fin août. Une baisse de 16% est maintenant annoncée, alors que les premières prévisions laissaient entrevoir une diminution de 11%.
"Les vins rouges sont plus touchés que les vins blancs", précise Agreste, qui ajoute que "dans le Beaujolais, la production est très amputée", sans préciser dans quelle proportion. Une chute de 25% était déjà anticipée mi-août.
En Champagne également, "le vignoble a été peu productif en raison de la sécheresse estivale" et la prévision est maintenue en baisse de 11%, malgré un raisin "très sain, sans pourriture".
Dans le Languedoc Roussillon, première région viticole avec plus du quart de la production nationale, "les vendanges ont pu se dérouler dans un état sanitaire satisfaisant" et les rendements sont attendus en hausse de 7%, contre 6% mi-août.
Reste à savoir si la France conservera son rang de premier producteur mondial, reconquis en 2014. Il y a quelques semaines, des estimations de la Commission européenne basées sur des chiffres recueillis fin août donnaient l'Italie première devant l'Hexagone, avec 50,4 millions d'hectolitres, l'Espagne restant sur la troisième marche du podium avec 42 millions d'hectolitres (-2,4%). L'organisation internationale du vin publiera son classement le 28 octobre.
En attendant, les viticulteurs français pourront se satisfaire de la qualité de leur cru. Le président du conseil vin de l'établissement public FranceAgriMer, Jérôme Despey, prédisait dès le mois d'août "un bon millésime", grâce à une "maturité optimale, avec des saveurs et une vinification prometteuse".