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La "baleine de Londres" ne devrait pas être poursuivie aux Etats-Unis

Publié le 13/08/2013 22:55

Bruno Iksil, l'ex-trader français de JPMorgan Chase surnommé la "baleine de Londres", ne devrait pas être poursuivi par les autorités américaines pour les six milliards de dollars de pertes de courtage subies par la banque américaine l'an dernier.

Selon une source proche du dossier jointe mardi par l'AFP, Bruno Iksil a collaboré à l'enquête des autorités américaines et passé un accord amiable avec le département américain de la Justice (DoJ) qui ne le poursuivra pas.

Il ne devrait pas non plus être inquiété par l'autorité boursière américaine (SEC) ou par le régulateur des dérivés et des contrats à termes (CFTC), a ajouté cette source.

M. Iksil avait été surnommé "la baleine de Londres" en raison de l'énormité de ses paris risqués dans les dérivés de crédit européens, qui sont devenus trop "visibles" début 2012 dans le marché opaque de gré à gré des dérivés. Les autres traders se sont retournés contre lui, forçant la première banque américaine à brader ses positions, ce qui lui a coûté au final plus de six milliards de dollars.

Un autre trader français, Julien Grout, qui était son subordonné dans le bureau londonien d'investissements en propre de JPMorgan, pourrait, lui, être poursuivi pénalement aux Etats-Unis, de même que l'Espagnol Javier Martin-Artajo, qui était chargé de la stratégie de courtage du service tout entier.

Selon le Wall Street Journal, MM. Grout et Martin-Artajo pourraient ainsi faire l'objet de poursuites pénales de la part du DoJ dès mercredi.

Ils sont tous deux soupçonnés d'avoir sciemment minimisé les pertes en question avant que l'affaire n'éclate au grand jour. M. Iksil, en revanche, devrait échapper aux poursuites pour avoir suffisamment cherché à alerter sa hiérarchie des risques liés à ses positions sur les marchés devenues intenables et que lui-même qualifiait d'"idiotes" dans des courriels.

Pertes minimisées

M. Grout était un trader "junior", chargé de préparer les rapports internes quotidiens sur les pertes et profits des opérations de dérivés de son service.

Or un rapport sénatorial américain publié en mars a révélé que ces bilans internes quotidiens sur les positions incriminées utilisaient des méthodes de calcul qui minimisaient les pertes encourues de plusieurs centaines de millions de dollars.

L'avocat de M. Grout, Edward Little, a indiqué à l'AFP mardi qu'aucun mandat n'avait pour l'instant été émis à l'encontre de son client, même s'il était informé des intentions des autorités de poursuivre son client sur le plan pénal. Il a rencontré les enquêteurs du DoJ mardi.

M. Grout se trouve actuellement en France. "Il a quitté JPMorgan Chase en décembre et a essayé de trouver du travail à Londres mais (...) il n'y est pas parvenu", a expliqué M. Little. "Il a donc décidé de rentrer en France avec sa femme qui est américaine" et leurs enfants, a-t-il ajouté.

M. Grout s'est rendu récemment aux Etats-Unis pour rendre visite à la famille de sa femme et n'y a pas été inquiété par les autorités américaines, a encore fait valoir M. Little.

Son client est le dernier Français en date ayant travaillé pour une grande banque de Wall Street qui pourrait se retrouver face à la justice américaine. Un autre "frenchie", l'ancien trader de Goldman Sachs Fabrice Tourre, a été jugé coupable début août de fraude boursière à l'issue d'un procès très médiatisé à New York pour des dérivés de crédits immobiliers "subprime" vendus à des investisseurs juste avant la crise financière.

Des avocats de Javier Martin-Artajo ont pour leur part indiqué à l'AFP que ce dernier avait "coopéré à chaque enquête interne et externe au Royaume-Uni. Il n'a pas reçu de message de régulateurs gouvernementaux (...) lui intimant de ne pas prendre de vacances actuellement", selon un communiqué du cabinet londonien Norton Rose Fulbright.

"M. Martin-Artajo est confiant que lorsqu'une reconstitution complète et juste de ces événements complexes sera finalisée, il sera absous de toute malversation", conclut-il.

L'affaire de la "baleine" a déstabilisé la première banque américaine et son PDG Jamie Dimon. Outre les traders au coeur de l'affaire, elle a coûté leur poste à plusieurs dirigeants.

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