par Noëlle Mennella
PARIS (Reuters) - Le secteur français de la chimie, dont la croissance s'est accélérée en 2014 grâce à une forte contribution des exportations, aborde 2015 avec prudence même si sa compétitivité devrait bénéficier de l'impact des baisses conjointes des cours du pétrole et de l'euro, déclare Philippe Goebel, le président de l'Union des industries chimiques.
L'an dernier, l'industrie chimique a enregistré une poussée de 2,9% en volume (+1,3% en 2013) et son chiffre d'affaires s'est stabilisé à 82,4 milliards d'euros.
Dans le même temps, sa balance commerciale a établi un record historique à 7,4 milliards d'euros, dopée par une hausse de 1,9% de ses exportations à 54,7 milliards d'euros tandis que ses importations ont diminué de 1,8% à 47,3 milliards.
Tous les secteurs ont participé à l'embellie de l'industrie, avec un rattrapage de la production en chimie organique (+5,6%), après plusieurs années de contraction, tandis que les savons, parfums et produits d'entretien ont réalisé une avancée significative (+3,9%) pour la deuxième année consécutive.
"A la fin 2014, l'industrie chimique en France est en volume en progression de 5% par rapport à son meilleur niveau d'avant le début de la crise en 2008, alors que l'ensemble de l'industrie est en baisse de 16%", souligne Philippe Goeble dans une interview accordée à Reuters.
C'est dans ce contexte que l'UIC table pour 2015 sur un gain de 2% en volume, dont 1% pour la chimie organique et 3,5% pour le secteur des savons, parfums et produits d'entretien.
"On a voulu être prudents", explique Philippe Goebel, soulignant que la croissance du secteur en volume en 2014 est bien supérieure à celle de 1,5% à 2% l'an enregistrée pendant longtemps et que sa progression ne peut pas être linéaire.
LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE "EST UNE CHANCE"
Pour autant, le président de l'UIC considère que l'embellie conjoncturelle actuelle réduit mais n'annule pas le désavantage de la chimie française par rapport à ses concurrents des Etats-Unis et du Moyen-Orient dont les coûts en énergie sont plus faibles, les Américains bénéficiant de l'exploitation massive du gaz de schiste interdite en France.
"C'est mon message aux pouvoirs publics: le prix de l'énergie reste un point de vigilance pour la chimie française et il faut profiter de la situation actuelle pour prendre des mesures structurelles qui nous permettront de tenir le coup le jour où les prix du pétrole remonteront, parce que tôt ou tard ils remonteront", plaide-t-il.
Il pointe au passage le poids que font peser sur la compétitivité de la chimie française une fiscalité de production plus lourde qu'en Allemagne, leader européen du secteur en Europe, et une réglementation bien plus contraignante que celles que subissent les acteurs internationaux.
En revanche, la transition écologique "est une chance pour l'industrie chimique", affirme Philippe Goeble en expliquant que la mise en oeuvre de solutions innovantes profite aux grands clients de la chimie que sont notamment les secteurs de l'emballage, du bâtiment ou de l'automobile.
Au sixième rang mondial derrière la Chine, les Etats-Unis, le Japon, l'Allemagne et la Corée du Sud, l'industrie chimique française compte 3.300 entreprises, dont 95% de PME.
Arkema, avec un chiffre d'affaires de 6 milliards d'euros, est le numéro un français du secteur, loin derrière le leader mondial, l'allemand BASF (XETRA:BASFN), qui avec ses presque 75 milliards d'euros de ventes annuelles pèse moins de 3% d'un marché mondial évalué en 2013 à 3.160 milliards d'euros.
(Edité par Dominique Rodriguez)