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La consommation des ménages français reste grippée et pèse sur la reprise

Publié le 23/07/2010 11:40

La consommation des ménages a de nouveau baissé en juin, une rechute attendue qui confirme que le principal moteur de la croissance française est resté grippé au premier semestre et que la reprise de l'économie hexagonale devrait rester limitée cette année.

Les dépenses de consommation des ménages français en produits manufacturés ont chuté en juin de 1,4% par rapport au mois précédent, contrecoup de la hausse de 0,6% enregistrée en mai grâce à la Coupe du monde de football, a annoncé l'Insee vendredi.

Sur l'ensemble du deuxième trimestre, la consommation des ménages en produits manufacturés - qui représente environ un quart de la consommation totale - recule donc de 0,9% après avoir déjà chuté de 1,9% au premier trimestre, rappelle l'Institut national de la statistique.

"Le repli de la consommation en produits manufacturés en juin reflète un contrecoup technique qui était attendu après l’envolée des ventes de téléviseurs en mai", liée à la Coupe du monde, "et l’effet temporaire d’un début plus tardif des soldes d’été", estime-t-on dans l'entourage de la ministre de l'Economie, Christine Lagarde.

"Cette baisse est cohérente avec les prévisions de l’Insee publiées en juin qui tablaient sur une stabilité de la consommation totale au deuxième trimestre", preuve que la consommation résiste, selon Bercy.

En effet, selon les dernières prévisions de l'Insee, la consommation des ménages ne repartirait pas avant le second semestre, mais à une allure encore poussive (+0,3% par trimestre).

Sur l'ensemble de 2010, la consommation des ménages n'augmenterait ainsi que de 1,2%. Mieux que les performances enregistrées durant la crise mais nettement moins bien que le rythme soutenu qui prévalait auparavant (de l'ordre de 2,5% en 2006 et 2007).

Pour l'économiste Alexander Law (Xerfi), les chiffres de juin sont "un coup particulièrement dur pour l'économie française". "Ce qui inquiète, c'est que tous les postes sont mal orientés: cela signifie que la crise est profonde pour la consommation alors même qu'elle avait été le soutien le plus fidèle de la croissance depuis le début de la décennie", note-t-il.

Au-delà de l'effet "soldes", "tous les postes de la consommation souffrent", renchérit Marc Touati (Global Equities), qui juge lui aussi les résultats du deuxième trimestre "inquiétants". Les "biens durables" reculent de 2,2% après déjà -4,8% au premier trimestre. Les dépenses en automobiles, en particulier, chutent encore de 8,4% au deuxième trimestre (après -11,4%) avec la réduction de la "prime à la casse".

Quant au "textile-cuir", il termine le trimestre sur une baisse de 2,8% après un premier trimestre stable (+0,2%). Seuls les "autres produits manufacturés" progressent (+0,7%), compensant leur baisse du premier trimestre (-0,5%).

Pour les ménages français, "un an après la fin de la récession, la crise demeure bel et bien présente", résume Alexander Law.

Et avec un moral des ménages en berne, un pouvoir d'achat "sous tension" et "le chômage qui continue d'augmenter inlassablement (...) il est difficile de prévoir une franche embellie d'ici la fin de l'année", souligne-t-il.

Si les prévisions de l'Insee se réalisent, cette consommation molle, relayée par un commerce extérieur plus dynamique que d'habitude, serait toutefois suffisante pour atteindre l'objectif de croissance du gouvernement, qui compte sur une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 1,4% cette année.

Une croissance tout juste capable d'enrayer la hausse du chômage qui se maintiendrait fin 2010 à 9,5% de la population active en France métropolitaine.

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