Opposés à un projet européen de fusion du contrôle aérien, les aiguilleurs du ciel ont lancé une grève ce mardi soir, la troisième depuis début 2010, qui doit se traduire mercredi par de fortes perturbations en pleine période de vacances estivales.
La suppression d'une dizaine de vols de la compagnie low-cost Easy Jet a été annoncée mardi en début de soirée sur les panneaux d'Orly, prélude au désordre attendu mercredi avec 50% d'annulation dans cet aéroport et 20% à Roissy.
L'ensemble des aéroports français devraient être touchés, a anticipé la Direction générale de l'aviation civile (DGAC). Des orages pourraient aussi affecter le trafic.
A l'aéroport Nice Côte d'Azur, le plus important en province, 9% des vols seront supprimés.
La situation devrait revenir à la normale jeudi.
Air France assurera mercredi "100% de ses vols long-courriers, 80% de ses vols court et moyen-courriers à Paris-Charles de Gaulle et 50% de ses vols court et moyen-courriers à Paris-Orly".
Corsairfly, spécialisée dans les Antilles françaises, n'a pas prévu la modification de ses vols. Le service minimum auquel sont astreints les contrôleurs aériens implique d'assurer les liaisons avec les DOM-TOM.
Alors que certaines compagnies comme Easyjet affirment prendre en charge les frais d'hôtel pour les passagers bloqués, certains étaient sans solution dès mardi soir.
"On ne nous fournit pas de nourriture, on nous propose pas de nuit d'hôtel, mais seulement de reprogrammer notre vol" lundi prochain, a témoigné à Orly-Sud une touriste slovaque, Katarina Kanalova.
Le secrétaire d'Etat aux Transports, Dominique Bussereau, a jugé la grève "inadaptée et inappropriée".
"L'évolution du ciel européen, pour la sécurité, le CO2 et les économies de kérosène, il faut la faire", a estimé le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo.
Pour Martial Duqueyroix (CGC), "il est scandaleux d'accuser les syndicats alors que nous avons tout fait pour éviter la grève".
L'intersyndicale (CGT-CGC-FO-Unsa/Iessa-Unsa/Icna), qui affirme représenter 52% du personnel de la DGAC, refuse une fusion du contrôle aérien français avec celui de cinq pays pour former le Fabec, le bloc d'Europe centrale, dans le cadre d'un ciel unique européen.
Les syndicats seraient favorables à une coopération, afin de conserver statut et conditions de travail des agents de la DGAC (12.000 fonctionnaires dont 4.000 contrôleurs).
Le personnel, qui avait déjà fait grève sur ce thème en janvier et février, redoute un éclatement de la DGAC.
Mercredi doit être signé un protocole d'accord social triennal, dans lequel figure déjà la concrétisation du Fabec, dénoncent les syndicats, qui attendent fin juillet un rapport de médiation de l'ancien eurodéputé (PS) Gilles Savary.
La DGAC a fait mardi une ouverture, en retirant du protocole toute mention de fusion, une "manoeuvre" selon FO.
Charles de Courson, rapporteur (NC) du budget du transport aérien, avait souligné lundi que le Fabec pourrait créer "un nouveau statut" pour les contrôleurs "très favorable".
Selon lui, les contrôleurs français touchent 120.000 euros annuels (brut), alors que la moyenne européenne s'élève à 180.000 euros. Mais les contrôleurs en Europe travaillent 160 jours par an contre 120 à 130 jours effectifs en France, a-t-il souligné.
A la suite d'un rapport de la Cour des comptes, la DGAC a activé début juin des badges pour mieux connaître les emplois du temps des contrôleurs. Cela a conduit certains à "appliquer de manière pointilleuse la réglementation", entraînant des retards, selon la DGAC, qui estime cependant que "ce mouvement-là s'essouffle".