Rassurés par les résultats d'entreprises au deuxième trimestre et par une série d'indicateurs encourageants, les marchés mondiaux connaissent un rebond significatif depuis le début de l'été qui a leur a permis d'atteindre leurs plus hauts de l'année et d'entrevoir des signes de reprise.
Cette semaine, l'indice S&P 500 de Wall Street a franchi la barre psychologique des 1.000 points et le CAC 40 a terminé à plus de 3.500 points, deux seuils qui n'avaient pas été vus depuis novembre.
A Tokyo, le Nikkei, désormais au-dessus de 10.000 points, a atteint ces derniers jours son plus haut niveau depuis octobre et la Bourse de Shanghai a retrouvé ses niveaux de mai 2008.
La semaine précédente, c'était le Footsie et le Dax de Francfort qui avaient cassé leur seuil de résistance respectif de 4.600 points et de 5.300 points.
A ce rebond des marchés s'ajoutent un redémarrage des prix du pétrole qui ont atteint 75 dollars à Londres, un euro qui est reparti à la hausse et a atteint lundi 1,44 dollar, son plus haut niveau en près de huit mois.
Au final, les marchés ont retrouvé leurs niveaux d'octobre-novembre 2008 après la faillite en septembre de la banque américaine Lehman Brothers, considérée comme l'épicentre de la crise financière, soulignent les analystes.
Après ce séisme, les scénarios d'effondrement du système capitaliste fleurissaient, tout comme la théorie d'"un avant/après Lehman", rappellent-ils.
Or, le rebond boursier démontre que le système "ne va pas s'effondrer autant que les niveaux de valorisation atteints début mars (quand les Bourses ont atteint leur plus bas, ndlr) l'avaient fait craindre", explique Francois Duhen, du CM-CIC Securities.
A l'origine de ce rebond, les résultats du deuxième trimestre, en premier lieu ceux des banques américaines, qui ont été salués par les investisseurs. Les résultats de JPMorgan Chase à la mi-juillet en ont donné le coup d'envoi.
"Les entreprises ont démontré qu'elles pouvaient se restructurer et améliorer leurs marges rapidement", confirme Christian Parisot, stratégiste actions du courtier Aurel, même si les chiffres d'affaires ne suivent pas encore cette tendance.
En outre, des indicateurs économiques ont pris le relais des bonnes surprises, en montrant aux Etats-Unis que les prix de l'immobilier ont arrêté de baisser et que la production industrielle a commencé à repartir, souligne Frédéric Buzaré, responsable de la gestion actions chez Dexia Asset Management.
Si le pire de la crise semble être passé, il reste pour autant difficile de parler de reprise, tant les incertitudes sont nombreuses.
"La reprise, c'est un vrai enclenchement de croissance qu'on n'a pas dans les statistiques" actuellement, estime Christian Parisot. "On va un peu vite parce qu'il y a des signes encourageants, mais il reste la question de la consommation" et en filigrane, celle de l'emploi, estime-t-il.
Vendredi, les statistiques mensuelles de l'emploi aux Etats-Unis ont rassuré les marchés, avec une baisse inattendue du taux de chômage, attestant de la vigueur des signaux de reprises. Une amélioration bienvenue mais traduisant avant tout les premiers effets des plans de relance.
"En termes de croissance, on est nettement moins inquiets pour les 3e et 4e trimestre avec les plans de relance qui vont monter en puissance", indique M. Duhen, avant d'avertir que les effets de la relance publique se dissiperont progressivement en 2010.
Pour Frédéric Buzaré, l'année prochaine sera soit la poursuite de la dynamique actuelle, soit "l'année de tous les dangers", le marché ayant mis entre parenthèses des problématiques qui commencent à ressurgir. Et de citer le renchérissement des matières premières, la baisse du dollar, la normalisation des déficits publics ou encore la bulle du marché boursier chinois.