La SNCF, qui se prépare à l'ouverture du transport de voyageurs à la concurrence en Europe en 2010, a décidé vendredi de lancer un appel d'offres pour 35 TGV destinés au trafic international et souhaite prendre le contrôle d'Eurostar, a-t-on appris de source syndicale.
Le conseil d'administration de l'entreprise publique a autorisé vendredi le lancement d'un appel d'offres pour la commande de 35 rames TGV de nouvelle génération, pour plus d'un milliard d'euros. Elle a ainsi renoncé à passer une commande géante de plusieurs centaines de TGV, comme elle l'avait un temps envisagé.
Le conseil a donné "son autorisation pour le lancement de l'appel d'offres", a indiqué à l'AFP un responsable de la CGT. Ces rames de nouvelle génération, qui pourraient être en service à l'horizon 2015-2016, seront polyvalentes et conçues pour circuler sur les réseaux des pays voisins de la France, comme l'Allemagne.
Cette future commande s'inscrit dans la perspective de l'ouverture du transport de passagers à la concurrence en Europe en 2010. Le français Alstom, l'allemand Siemens et éventuellement le canadien Bombardier pourraient s'affronter à l'occasion de cet appel d'offres - qui pourrait inclure des options pour des trains supplémentaires.
Alstom pourrait ainsi essayer de placer son nouveau train à très grande vitesse, l'AGV, qu'il a déjà vendu à la compagnie ferroviaire italienne NTV.
Avec ce futur appel d'offres, la SNCF confirme qu'elle abandonne l'idée d'une commande géante pour 200 à 300 rames, qu'elle avait un temps envisagée. Face aux incertitudes sur son activité future, en particulier en raison de la crise, la compagnie ferroviaire préfère des commandes plus petites et rénover ses TGV existants pour prolonger leur vie opérationnelle.
Le conseil a en outre validé un projet de modification du statut d'Eurostar, l'exploitant des trains entre Londres et Paris et Bruxelles, a-t-on indiqué de même source.
La SNCF souhaite qu'Eurostar devienne une véritable "entreprise ferroviaire" avec un statut juridique indépendant, alors qu'elle n'est aujourd'hui qu'une association de coopération entre la SNCF, les chemins de fers belges SNCB et le britannique Eurostar UK.
L'entreprise publique française détiendrait 55% des parts de la nouvelle société et en aurait le contrôle de fait grâce à cette majorité.
La CGT s'est pour sa part opposée au projet, y voyant "la création d'une entreprise ferroviaire qui pourrait demain venir concurrencer directement la SNCF", selon le responsable syndical interrogé par l'AFP.
Mais ce changement de statut n'est pas pour autant acquis, puisque la SNCF doit désormais convaincre ses partenaires belge et britannique du bien-fondé du projet.
La SNCF espère ainsi contrer les intentions de sa grande rivale, la compagnie allemande Deutsche Bahn (DB), dans la perspective de l'ouverture à la concurrence en Europe.
La DB avait manifesté au début de l'année son intérêt pour le rachat de la part britannique dans Eurostar, à la grande fureur des Français. Le président de la SNCF, Guillaume Pepy, également président d'Eurostar, avait qualifié la démarche de Deutsche Bahn de "prématurée, prétentieuse et arrogante".