Un groupe de travail franco-allemand va être créé pour réfléchir à une régulation "plus souple" et "plus efficace" du marché laitier européen, a annoncé mercredi le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire.
Ce groupe de travail "sera ouvert à tous les autres Etats membres", a indiqué M. Le Maire lors d'une conférence de presse, après une réunion avec les producteurs de lait, les industriels et les distributeurs français.
La France et l'Allemagne sont les principaux producteurs de lait au sein de l'Union européenne. Le secteur traverse une crise depuis quelques mois, les producteurs multipliant les manifestations pour réclamer des prix plus élevés.
Mardi, lors de la séance inaugurale du Parlement européen, des centaines de producteurs de lait européens ont convergé vers Strasbourg pour obtenir des prix plus justes, une baisse des quotas laitiers et une maîtrise de la production.
L'European Milk Board (EMB) et la Coordination Européenne Via Campesina (ECVC), qui ont organisé la manifestation, réclament comme "mesure immédiate" un gel "d'au moins 5% des quotas laitiers".
La France, qui milite pour une régulation des marchés à l'échelle européenne, souhaite de son côté la mise en place de nouveaux instruments de régulation: "la France sera en pointe dans ces travaux de nouvelle régulation", a souligné M. Le Maire.
Selon lui, ce nouveau système sera "mieux que les quotas, avec des instruments plus souples et plus efficaces que ce que nous avons maintenant".
Les producteurs européens sont actuellement payés entre 20 et 22 centimes le litre de lait, une somme insuffisante selon eux.
En France, un accord a été signé le 3 juin pour un prix moyen en 2009 situé entre 262 et 280 euros pour 1.000 litres, mais certains industriels paient en dessous.
"On ne peut pas laisser le secteur agricole aux seules lois du marché", a estimé M. Le Maire, demandant aux industriels de respecter l'accord signé le 3 juin.
Pour répondre à la grogne des producteurs de lait, le gouvernement français avait également lancé le 3 juin une mission de travail pour mettre en place un système de contractualisation des prix offrant plus de visibilité au secteur, dont les conclusions seront connues fin septembre.
Un observatoire des prix et des marges du lait va par ailleurs fournir de premières données le 29 juillet.
"La crise du lait, c'est plus une crise de surproduction que de marges (des industriels et des distributeurs, NDLR)", a commenté André Bouchut, secrétaire général de la Confédération paysanne, après la réunion.
Ce syndicat, minoritaire et qui est également à l'origine de la manifestation de Strasbourg, réclame une baisse de la production laitière européenne de 5% à 7%, ainsi que l'élimination des stocks de beurre et de poudre de lait "trop importants".
La FNSEA, principal syndicat agricole français, a demandé de son côté de mettre fin à la politique européenne "ultra libérale". "Il faut une forte dose de régulation des marchés", a jugé son président Jean-Michel Lemétayer.
Il s'est cependant désolidarisé de la menace de l'EMB et de l'ECVC d'une "grève du lait", qui se traduirait par l'arrêt de la fourniture de lait aux industriels.
"C'est un non-sens. Nous devons être capables de convaincre l'Union européenne avec d'autres solutions", a dit M. Lemétayer.