La consommation des ménages a rebondi en février, soutenue par les soldes et les derniers effets de la prime à la casse, mais ce sursaut devrait n'être que de courte durée, estiment les économistes, qui anticipent une baisse du pouvoir d'achat au cours des prochains mois.
Les dépenses de consommation des ménages français en produits manufacturés ont augmenté de 0,9% en février, après une baisse de 0,3% en janvier (-0,5% annoncé initialement), a indiqué mardi l'Institut national de la statistique.
Cette remontée s'explique par un rebond dans les achats de biens durables en février, qui repartent à la hausse de 1,0%, après un repli en janvier (-1,7%).
La hausse est particulièrement notable pour les achats d'automobiles (+1,0% après -6,4%). "Leur maintien à un haut niveau s'explique par l'effet retardé des nombreuses commandes de fin d'année dernière pour bénéficier de la prime à la casse avant la fin du dispositif", explique l'Insee.
"L’expiration de l’incitation gouvernementale à l’achat de véhicules neufs en décembre s’est traduite par une envolée des commandes en fin d’année", relève aussi Alexander Law, chez Xerfi.
"La bonne tenue de la consommation en automobiles en ce début d’année traduit la livraison effective des voitures et leur paiement par les consommateurs", poursuit-il.
Mais pour les prochains mois, l'analyste s'attend à "une baisse de régime".
"Le ressort est désormais cassé et l’euphorie du secteur automobile des deux dernières années ne sera pas renouvelée", renchérit Marc Touati, chez Assya Compagnie Financière.
Autre soutien à la consommation en février: les achats de textile-cuir. Après avoir baissé en janvier (-1,8%), ils ont fortement rebondi le mois dernier, de 4,2%. Cette hausse est en partie imputable à un effet calendaire, les soldes ayant plus porté que d'habitude sur le mois de février, explique l'Insee.
Cela "explique que le mois de janvier ait été si médiocre et février si bon", relève Alexander Law.
Pour la suite, "il faut donc se préparer à une correction baissière en mars", anticipe Marc Touati.
Les dépenses en équipement du logement sont toujours en augmentation: +0,9% après +2,5% en janvier.
Les dépenses de consommation en autres produits manufacturés sont en revanche en légère baisse (-0,3%).
Pour les économistes, ce rebond en février de la consommation, traditionnel moteur de la croissance française, ne devrait pas tenir bien longtemps.
"Le chômage demeure à haut niveau et l’inflation augmente aujourd’hui plus vite que les revenus, alimentant à la fois une érosion du pouvoir d’achat et l’inquiétude des ménages", souligne ainsi Alexander Law.
La crainte de l'inflation a d'ailleurs miné le moral des ménages en mars, selon la dernière enquête de l'Insee.
Les Français "n’ont plus la +fièvre acheteuse+ et devraient dorénavant limiter leurs achats", estime Marc Touati. "Et ce d’autant que l’augmentation des prix de denrées alimentaires et des tarifs énergétiques va réduire mécaniquement leur pouvoir d’achat", ajoute-t-il.
Autre motif d'inquiétude, selon l'économiste: l'instabilité internationale, qui pourrait "réduire l'appétence des Français pour la dépense".