Wendelin Wiedeking, patron démissionnaire du constructeur allemand de voitures de luxe Porsche, était considéré comme un génie de la finance avant de rater le rachat de Volkswagen.
Cet homme de 56 ans, jusque là réputé le dirigeant le mieux payé d'Allemagne, était depuis plusieurs semaines sur un siège éjectable.
Artisan du rétablissement de Porsche dans les années 1990, il a plongé le constructeur des luxueuses voitures de sport dans l'une des plus graves crises de son histoire.
Rêvant de faire passer Volkswagen sous la coupe de Porsche, il a mis au point une stratégie hors des sentiers battus pour parvenir à son but, faisant parfois ressembler son constructeur à un fonds d'investissement.
Avec son fidèle directeur financier, Holger Härter, qui passe pour avoir un don pour les montages financiers complexes, M. Wiedeking a réussi pendant des mois l'exploit d'acheter un groupe bien plus gros que lui à moindre frais.
Il a notamment acquis une série d'options sur des actions Volkswagen qui lui ont rapporté plusieurs milliards d'euros grâce à la montée du cours. Il y a quelques mois encore, Porsche gagnait plus d'argent sur le parquet de la bourse que grâce à la vente de ses voitures, et, en pleine débâcle économique, les analystes peinaient à expliquer au grand public cette tendance radicalement contraire aux marchés.
Mais c'est ce même montage qui est aujourd'hui la plus grosse faiblesse de Porsche, endetté à hauteur d'environ 10 milliards, incapable de racheter le reste des actions VW en raison de la crise qui fait chuter ses ventes et qui rend l'accès au crédit plus difficile. Jusque là pourtant, M. Wiedeking, ingénieur de formation, jouissait d'un respect unanime pour avoir sauvé son groupe de la faillite.
Quand il en prend la tête en 1993, le créateur des 911 est alors au plus mal, condamné semblait-il à être racheté par plus riche que lui. Seize ans plus tard, le groupe installé à Stuttgart (sud-ouest) lutte pour rester indépendant.
M. Wiedeking voyait dans le Qatar, intéressé à une prise de participation dans Porsche et VW un chevalier blanc qui lui permettrait, si ce n'est son poste, au moins de sauver la face. L'homme aux fines lunettes et à la moustache, amateur de cigares, a tout fait pour éviter un rachat par sa propre proie, Volkswagen.
Ces dernières années --le début de la montée au capital de VW remonte à 2005-- il s'était montré arrogant envers le généraliste de Wolfsburg (nord), attaquant à la fois les syndicats et leur pouvoir qu'il juge excessif, le droit de veto de l'actionnaire public, l'Etat régional de Basse-Saxe (nord) qu'il qualifie d'archaïsme de l'histoire, et même la direction de VW, raillée pour avoir lancer des modèles de luxe.