Les 2.500 salariés de l'équipementier automobile allemand Continental en Midi-Pyrénées ont dit oui à 52% à un plan de maintien de l'emploi en échange de sacrifices présenté par la direction, lors d'une consultation à laquelle 83% d'entre eux ont participé lundi.
L'issue du vote renvoie dos à dos la direction de l'entreprise qui peut se prévaloir d'un résultat positif et de la forte participation au scrutin et les syndicats majoritaires, CGT et CFDT (environ 60% du personnel) qui avaient appelé au boycott du scrutin et ont immédiatement affirmé qu'ils continueraient à se battre contre le plan.
Le résultat du vote organisé dans les trois usines de Toulouse, Boussens (Haute-Garonne) et Foix (Ariège) ainsi que dans une petite antenne commerciale à Rambouillet (Yvelines) est un "encouragement fort pour la poursuite du développement" des activités de Continental Automotive France, a commenté son président Antoine Jouin.
"A travers cette approbation, je mesure l'attachement des salariés à leur entreprise ainsi que leur lucidité quant au contexte auquel nous sommes confrontés", a-t-il ajouté, tandis que Véronique Eucat, porte-parole de l'entreprise, espérait que les syndicats "acceptent l'accord très rapidement".
Les syndicats minoritaires de l'entreprise, qui avaient appelé à participer au scrutin, doivent se réunir pour déterminer la suite à donner aux événements tandis que CGT comme CFDT ont d'ores et déjà annoncé qu'ils dénonceraient tout accord qui serait signé avec la direction.
"Le vote est un échec pour la direction", a jugé Sami Hamida (CFDT). "Un bon score aurait été 60% de oui. Là, ils sont dans une situation compliquée, ils ont mal convaincu".
Ce résultat veut "bien dire que les gens n'acceptent pas le plan et cela nous conforte dans l'idée qu'il faut continuer à se battre", a renchéri Antoine Gomez (CGT), soulignant que ce type de consultation, qui se banalise dans les entreprises, "n'a pas de valeur légale".
Selon la direction, le plan est vital pour la survie des trois sites, non pas à très court terme puisque Continental est une entreprise profitable, mais au-delà parce que les usines vont au-devant d'une baisse alarmante de leurs commandes en 2012 et 2013.
Pour la CGT et la CFDT, il ne s'agit que d'augmenter les bénéfices sur le dos des travailleurs. La consultation vise seulement à contourner les syndicats majoritaires et participe d'un "dumping social" mettant en concurrence les sites européens de Continental, ajoutent-elles.
Le marché est le suivant, selon la direction: réduire le coût du travail de 8% en gelant quasiment les augmentations de salaire en 2011, en diminuant fortement la prime d'intéressement et en supprimant deux jours de RTT par an jusqu'en 2015. En contrepartie, la direction de Continental en Allemagne s'engage à maintenir la charge de travail jusqu'en 2015.
En fait, dit la CFDT, l'ensemble des mesures proposées par la direction représente une baisse nette du salaire de 1,4%, la suppression de diverses primes, une diminution drastique de l'intéressement, entre 8 et 13 jours de travail de plus et la suppression de plus de 100 postes d'intérimaires et sous-traitants. Quant aux contreparties, il n'y a rien de chiffré en termes d'emplois et d'investissements, relève-t-elle.
Mme Eucat concède que les usines de Midi-Pyrénées "fonctionnent très bien, on va même faire encore des bénéfices cette année". Mais, au vu des commandes, "nous aurons vraiment un manque très fort pour remplir nos productions en 2012, 2013", dit-elle, réfutant tout chantage.
"Attention, même si ça va bien aujourd'hui, ça va aller mal en 2012, 2013. Prenons tout de suite les devants, n'attendons pas que d'autres autres s'occupent de nous. Le jour où le siège en Allemagne s'occupera de nous, ce sera trop tard".
Les usines Continental Automotive de Midi-Pyrénées fabriquent des composants électroniques pour les clients du groupe (des boîtiers et des capteurs de pression des pneus à Toulouse, des injecteurs essence et diesel et des boîtes de vitesse à Foix, des capteurs à Boussens).