Les prix du pétrole se sont repliés mardi à New York mais le Brent a poursuivi sa progression, avec un pic à plus de 102 dollars, alors que les investisseurs continuaient de surveiller la situation en Egypte.
Sur New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en mars a terminé à 90,77 dollars, en repli de 1,42 dollar.
Sur l'Intercontinental Exchange à Londres, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance en mars a clôturé à 101,74 dollars, en hausse de 73 cents, après être monté jusqu'à 102,08 dollars, son plus haut niveau depuis fin septembre 2008.
"Le marché s'habitue à la situation", a constaté Rich Ilczyszyn, de Lind-Waldock. La séance a été marquée par quelques mouvements en dents de scie, alors que les investisseurs évaluaient la situation en Egypte.
Des centaines de milliers d'Egyptiens ont envahi les rues pour la plus importante mobilisation en huit jours de contestation contre le président Hosni Moubarak appelé à partir après 30 ans au pouvoir, contestation qui a reçu le soutien de l'armée.
Dans l'après-midi, les pertes sur marché pétrolier se sont accrues après que plusieurs médias eurent rapporté que le président Moubarak ne se représenterait pas aux prochaines élections.
"Il y a l'espoir que la transition soit ordonnée, s'il devait y en avoir une. Il ne semble pas que l'armée va refouler les manifestants. Cela apaise certaines craintes du marché", a constaté Phil Flynn, de PFG Best Research.
L'Egypte n'est pas un producteur essentiel, mais il abrite deux voies stratégiques acheminant le brut du Moyen-Orient de la mer Rouge à la Méditerranée: le canal de Suez et l'oléoduc Suez-Méditerranée (Sumed).
Toutefois, les opérateurs gardaient un oeil sur la situation en Jordanie, où le roi Abdallah II a nommé un nouveau gouvernement après plusieurs manifestations de l'opposition.
"Les flammes du mécontentement continuent de se propager", a observé Phil Flynn. Après la Tunisie et l'Egypte, les investisseurs s'inquiétaient de la contagion des mouvements de protestation dans une région sensible, notamment à des pays producteurs de pétrole comme l'Algérie ou la Libye.
Les prix du Brent, échangé à Londres, ont de leur côté poursuivi leur marche en avant.
"Si le canal de Suez devait être fermé, les prix augmenteraient d'abord en Europe, puis aux Etats-Unis", a observé Rich Ilczyszyn.
De plus, le baril de WTI (West Texas Intermediate) échangé à New York était pénalisé par les réserves importantes qui s'accumulent aux Etats-Unis: une nouvelle hausse des stocks de brut était attendue mercredi dans le rapport hebdomadaire du département américain de l'Energie.
Selon les analystes interrogés par l'agence Dow Jones Newswires, les stocks de brut auraient augmenté de 2,6 millions de barils et ceux d'essence de 2,2 millions de barils. Seuls ceux de produits distillés (dont le fioul de chauffage et le gazole) auraient reculé de 1,4 million.
Les opérateurs de marché aux Etats-Unis surveillaient aussi la progression d'une nouvelle offensive hivernale dans le centre du pays, accompagnée de fortes chutes de neige, de pluies verglaçantes et de vent en rafales.
"Il y a beaucoup d'inquiétudes au sujet de la tempête et de son impact sur la demande", a rapporté Phil Flynn.