Le constructeur d'automobiles japonais Nissan a subi un recul de 15% de son bénéfice net au premier trimestre de son exercice budgétaire, à cause du yen fort et de la sortie tardive de nouveaux modèles, mais reste confiant pour la réalisation de ses ambitieux objectifs annuels.
Entre le 1er avril et le 30 juin, le deuxième constructeur nippon a dégagé un bénéfice net de 72,3 milliards de yens (723 millions d'euros), en repli malgré une progression de 14,6% de ses ventes mondiales de véhicules.
Le chiffre d'affaires du groupe n'a progressé que de 2,6%, à 2.136,3 milliards de yens (21,36 milliards d'euros), la vigueur du yen réduisant la valeur de ses revenus tirés de l'étranger, une fois convertis en monnaie japonaise.
Le profit opérationnel de Nissan a dévissé de 19,7%, à 120,7 milliards de yens (1,21 milliard d'euros).
Outre la vigueur du yen, le groupe a mis en cause les coûts induits par des campagnes de promotion de ses nouveaux modèles en Amérique du Nord, ainsi que des dépenses supérieures en matières premières et en recherche et développement. Des réduction de coûts diverses n'ont pas permis de compenser.
Eiji Hakomori, expert du secteur chez Daiwa Securities, a estimé que les nouveaux modèles du groupe étaient arrivés trop tard. "La dernière évolution de sa berline Altima, un modèle populaire aux Etats-Unis, est ainsi sortie le 26 juin", a-t-il expliqué, c'est-à-dire en toute fin d'exercice.
"Nissan a eu du mal à dégager des profits lors du trimestre écoulé, car il a dû vendre des modèles anciens tout en investissant dans ses usines pour en sortir de nouveaux", a-t-il souligné. Il a néanmoins jugé "pas inquiétant" le repli des profits à ce stade.
Le groupe n'a pour l'instant sorti que deux des dix nouveaux modèles prévus pour cette année budgétaire 2012-2013, l'Altima aux Etats-Unis et la fourgonnette NV350 Caravan au Japon. Parmi les huit autres figure une évolution de sa marque de luxe Infiniti.
"Nissan a accompli une performance honorable malgré des conditions macro-économiques difficiles" marquées par les problèmes d'endettement européen et le ralentissement consécutif de la croissance mondiale qui pèse sur la consommation, a estimé son PDG, Carlos Ghosn, dans un communiqué.
Le groupe a augmenté ses ventes en volume dans toutes les régions, sauf en Europe (-1,7%).
Elles ont particulièrement grimpé au Japon (+19,5%), où les autorités subventionnent l'achat de voitures peu gourmandes en énergie. Nissan y a bien vendu son monospace Serena et sa citadine Note.
La part de marché du groupe a toutefois sensiblement reculé dans l'archipel (de 15,2% à 11,2%): ses concurrents Toyota et Honda se sont complètement remis des problèmes d'approvisionnement subis après le séisme du 11 mars 2011, des soucis qui avaient moins heurté la production de Nissan, davantage délocalisée.
En Chine, principal marché du groupe, ses ventes ont augmenté de 12,2%, tandis qu'aux Etats-Unis, sa deuxième principale base de vente, le constructeur a écoulé 16,3% de véhicules de plus, grâce à son 4x4 Rogue et à sa berline Versa.
Evoquant "le lancement de véhicules excitants" d'ici à la fin de l'exercice, M. Ghosn a jugé que Nissan était "dans le rythme pour accomplir ses objectifs annuels".
Le groupe, dont 43,4% du capital appartient à son partenaire français Renault, continue d'escompter une progression de 17,2% de son profit net sur l'ensemble de l'exercice, à 400 milliards de yens (un peu plus de 4 milliards d'euros au taux de change actuel).
Entre le 1er avril 2012 et le 31 mars 2013, il s'attend en outre à dégager un bénéfice d'exploitation de 700 milliards de yens (+28,2%) et à réaliser un chiffre d'affaires de 10.300 milliards (+9,5%).
Nissan prévoit dans le même temps d'élever ses ventes de voitures de 10,4% pour dépasser les 5 millions de véhicules écoulés. A moyen terme (2016-2017), il vise une part de marché mondiale de 8% contre 6,4% lors de l'année écoulée.