L'OCDE a drastiquement revu à la baisse lundi sa prévision de croissance pour la France, qui serait à peine positive en 2012 après une "courte" période de récession, situation qui "exigerait" un nouveau plan anti-déficit dont l'éventualité a été immédiatement rejetée par Bercy.
Loin du 1% de croissance attendu par le gouvernement l'an prochain, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) n'envisage plus qu'une maigre progression de 0,3% dans ses dernières prévisions semestrielles.
Il y a six mois, elle tablait encore sur 2,1% mais l'aggravation de la crise de la zone euro est passée par là. Pour 2013, l'OCDE prédit une légère reprise, à 1,4%.
La récession que connaîtrait la France au quatrième trimestre 2011 et au premier trimestre 2012 serait "courte et de faible ampleur", selon l'organisation. Mais devant ces projections -- les plus médiocres à ce jour d'une institution internationale -- et la charge croissante de la dette, l'OCDE exhorte Paris à un nouveau tour de vis budgétaire.
Atteindre l'objectif d'un retour du déficit public à 4,5% du PIB en 2012 "exigera de nouvelles mesures de consolidation budgétaire", assure-t-elle.
"Nous ne travaillons pas sur un troisième plan, nous ne sommes pas dans cette logique", a aussitôt réaffirmé le ministre de l'Economie François Baroin.
Le gouvernement argue d'une réserve budgétaire de 6 milliards d’euros qui permettrait de contenir les déficits dans les limites voulues, même avec une croissance inférieure à 1%.
Sans citer l'OCDE, le secrétaire d'Etat au Tourisme, à l'Artisanat et aux PME, Frédéric Lefebvre, a laissé entendre devant le Sénat que Bercy s'appuyait sur des données plus favorables. Il a évoqué une enquête de l'Insee prêtant aux entreprises l'intention d'augmenter leurs investissements de 4% en 2012 (après 11% en 2011).
L'OCDE a chiffré le nouvel effort réclamé à Paris à 0,4% du PIB, soit près de 8 milliards d'euros à dégager en complément des deux plans de rigueur de 12 et 7 milliards annoncés depuis fin août par le gouvernement. Il en va, selon elle, de la "crédibilité" des engagements français.
"Incertitude considérable"
L'OCDE estime par ailleurs que les perspectives des créations d'emplois en France se sont "dégradées" avec un taux de chômage qui devrait passer la barre des 10%, à 10,4% fin 2012, avant de se stabiliser en 2013.
Au deuxième trimestre 2011, le taux de chômage calculé par l'Insee atteignait 9,1%.
"Le risque que le chômage structurel augmente est significatif", selon l'OCDE. L'inflation, elle, devrait retomber à environ 1% en 2013.
L'organisation souligne toutefois "l'incertitude considérable qui pèse sur ces projections", suspendues à l'évolution de la crise de la zone euro.
Elle n'est pas la première à tirer la sonnette d'alarme et à exiger davantage de Paris.
Début novembre, la Commission européenne avait appelé le gouvernement français à aller plus loin dans la rigueur, pronostiquant 0,6% de croissance en 2012. En l'absence de mesures nouvelles, estimait Bruxelles, le déficit public atteindrait 5,1% du PIB en 2013, bien au-delà de l'objectif d'une décrue à 3%, le plafond fixé par le Pacte de stabilité.
De nouvelles "mesures détaillées devraient être annoncées rapidement" pour revenir à 3% dans deux ans, renchérit l'OCDE, inquiète d'un ralentisement du processus de décision en pleine année électorale.
L'organisation préconise de porter les efforts sur la réduction des dépenses avec des mesures comme le renforcement de la Révision générale des politiques publiques qui prévoit déjà le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, la suppression des départements ou la réduction de la durée et de la fréquence des hospitalisations.