Près de 80% des nappes phréatiques de France affichaient au 1er juin un "niveau inférieur à la normale", une situation équivalente à la sécheresse de 1976 et que les pluies actuelles ne devraient pas vraiment modifier.
Déjà inquiétants fin avril, avec 68% des réservoirs en déficit d'eau, les effets de ce printemps atypique -le plus sec depuis 50 ans- se sont encore aggravés en mai.
Ce sont désormais 79% des nappes qui sont concernées, notamment celles de la Beauce, du Bas-Dauphiné, de Champigny en Ile-de-France ou encore les nappes du bassin de la Garonne, indique vendredi le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM).
"La grande majorité des niveaux (88%) est en baisse" en mai, précise-t-il.
Seules les nappes du Languedoc-Roussillon présentent des situations "proches de la normale".
Cette situation est "équivalente à la sécheresse de 1976", indique à l'AFP la responsable du service eau au BRGM, Nathalie Doerfliger, et ne devrait pas s'inverser avec les pluies qui arrosent la France depuis début juin.
"C'est une amélioration mais pas pour autant la fin de l'épisode de sécheresse", explique à l'AFP Michel Schneider, ingénieur au service climatologie de Météo France.
Depuis le début du mois, "on a presque tous les jours des précipitations sur certaines régions et les cumuls sont compris, en gros, entre 20 et 60 mm. On est à peu près dans la norme", ajoute-t-il.
De quoi faire du bien aux sols superficiels mais quasiment pas aux nappes phréatiques.
"Les quantités d'eau recueillies correspondent à peu près à une semaine d'évaporation et d'absorption par la végétation. C'est donc une forme de répit", indique encore M. Schneider.
Cinquante-huit départements sont concernés par des mesures de restriction d'eau, selon le dernier décompte du ministère de l'Ecologie publié vendredi, soit "quatre de moins qu'au plus fort de la crise".
Les pluies actuelles "soulagent un petit peu", confirme Ariane Blum, du service eau du BRGM. "Ca limite le prélèvement dans les nappes, mais ça ne les recharge pas", ajoute-t-elle.
Les nappes phréatiques fournissent 62% de l'eau potable en France et 20% de l'eau utilisée pour l'irrigation, selon le BRGM. Mais la situation est radicalement différente d'une région à l'autre.
"Par exemple, dans le nord de la France, 95% de l'eau potable provient des nappes", indique Mme Blum. "A l'inverse, en Bretagne, elles sont très peu utilisées. Là, ce sont plutôt les cours d'eau".
L'autre rôle des nappes est de soutenir le débit des cours d'eau en été. "Quand il n'y pas de pluie, c'est la nappe qui l'alimente. Du coup, même des prélèvements pas excessifs dans la nappe peuvent avoir des conséquences sur le débit des cours d'eau", souligne-t-elle.
Le président Nicolas Sarkozy a très récemment annoncé, outre plusieurs millions d'aides financières pour les agriculteurs, un plan sur cinq ans de retenues d'eau et de réduction des volumes d'eau utilisés par l'agriculture.
De son côté, la ministre de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet a réuni vendredi pour la deuxième fois le "Comité Sécheresse" pour faire le point sur la situation.
"Pour se préparer" à d'éventuelles "difficultés dans la distribution de l'eau potable", elle a notamment demandé aux préfets un "retour d'expérience précis des zones les plus critiques lors de la sécheresse de 2003".
Le temps perturbé devrait se poursuivre au moins encore quelques jours sur la France, a indiqué M. Schneider.
Les prévisions pour cet été restent inchangées : "a priori, plus chaud que la normale", rappelle-t-il. En revanche les différents modèles ne permettent toujours pas de dire si les mois de juillet et août seront plus ou moins pluvieux que la moyenne.