Les salariés de la raffinerie Petroplus de Petit-Couronne, qui ont reçu la visite de presque tous les candidats à la présidentielle ces dernières semaines, ont obtenu vendredi une première victoire, une part de la vente des stocks devant leur bénéficier.
La raffinerie située près de Rouen (Seine-Maritime), qui emploie 550 salariés, a été placée fin janvier en redressement judiciaire pour six mois à la suite de la faillite de sa maison mère suisse.
Dès l'origine du conflit, les salariés avaient mis la main sur les stocks de produits pétroliers, évalués à quelque 200 millions d'euros, en considérant qu'il s'agissait de leur "trésor de guerre".
Le ministère de l'Industrie a indiqué qu'un accord avec les banques impliquées dans le dossier devait permettre "de récupérer une partie de la trésorerie et des stocks de Petroplus", notamment au profit des salariés.
Le ministère indique que les banques, qui avaient puisé dans la trésorerie au moment de la faillite, vont restituer à la filiale française du groupe "Petroplus Marketing France 55 millions d'euros de trésorerie" et que "50% du produit de la vente des stocks seront versés à Petroplus Raffinerie Petit-Couronne (PRPC)".
Les fonds serviront d'une part à "contribuer au redémarrage de l'activité (17 millions d'euros)", et d'autre part à "alimenter un fonds social qui sera géré paritairement par les employeurs et les organisations syndicales de PRPC et qui permettra de garantir l'avenir des salariés (83 millions d'euros)".
Plus tôt vendredi, l'intersyndicale avait annoncé avoir obtenu qu'une part "substantielle" de la vente des stocks revienne aux salariés pour "financer les éventuelles conséquences sociales de la procédure de redressement en cours".
Les syndicats avaient expliqué que cette manne reviendrait "au travers d'un schéma fiduciaire novateur, à une association constituée par les organisations syndicales", sans évoquer une gestion paritaire avec les employeurs.
Toujours en quête d'un repreneur
Cette première victoire ne préjuge pas l'avenir des salariés du site, toujours à la recherche d'un repreneur, la date limite de dépôt des offres ayant été repoussée au 30 avril. Ils ont toutefois obtenu un sursis de six mois grâce à un contrat avec Shell, ancien propriétaire du site.
Si des salariés sont licenciés, la somme pourra servir à leur verser des indemnités. En cas de liquidation pure et simple, "on partira au moins avec quelque chose", a expliqué Yvon Scornet, porte-parole de l'intersyndicale.
La faillite de Petroplus avait illustré les difficultés du secteur du raffinage sur le Vieux Continent, et de l'industrie en France, poussant les candidats à la présidentielle à se succéder à Petit-Couronne.
En février, grâce aux efforts de l'intersyndicale, le Parlement avait adopté très rapidement une loi dite "Petroplus" visant à empêcher le détournement d'actifs d'une entreprise défaillante.
Fort de ce succès, les syndicats ont adressé aux candidats une "charte sur l'industrie", contenant quatre propositions de loi, comme "l'obligation pour un industriel de céder une usine qu'il veut fermer s'il existe un repreneur".
"Tous ont répondu et, à quelques variations près, on peut dire qu'il se dégage un consensus autour de nos propositions", a déclaré vendredi M. Scornet.