La Banque mondiale a dit mercredi craindre un retour des maux économiques qui avaient assombri le début 2008: un ralentissement de la croissance et une flambée des prix des matières premières.
Après la récession en 2009 et le rebond en 2010, 2011 devrait être selon l'institution une année de décélération. Dans ses prévisions économiques semestrielles, elle table sur 3,3% de croissance pour la planète, après 3,9% l'année dernière.
D'après la Banque mondiale, ce rythme de croissance n'est pas satisfaisant à bien des égards. "Malheureusement ces taux de croissance ont peu de chances d'être suffisants pour éliminer le chômage et la sous-utilisation des ressources dans les économies et les secteurs économiques les plus touchés", a-t-elle expliqué.
Par ailleurs "d'importants écueils et tensions persistent pour l'économie mondiale, qui à court terme pourraient faire dérailler la reprise à différents degrés", a-t-elle prévenu.
Elle cite la crise de la dette publique en Europe, la volatilité des flux de capitaux et la montée des cours des matières premières (alimentaires comme industrielles). Ces cours se nourrissent de politiques monétaires généreuses dans les pays développés et d'une demande solide dans les pays émergents.
"Bien que les prix réels de l'alimentation dans la plupart des pays en développement n'aient pas augmenté autant que ceux mesurés en dollars, ils ont beaucoup grimpé dans certains pays pauvres", a souligné la Banque mondiale.
"Et si les prix mondiaux continuaient d'augmenter, les problèmes de pouvoir d'achat et de répercussions sur la pauvreté pourraient s'aggraver", a-t-elle considéré.
"Nous sommes très inquiets de la hausse des prix de l'alimentation. (...) Nous voyons certaines similitudes avec la situation de 2008, juste avant la crise financière", a déclaré lors d'une conférence de presse le directeur de la prospective pour le développement de la Banque, Hans Timmer.
En ce qui concerne le cours du baril de brut, il avait grimpé au-delà de 147 dollars en juillet 2008, avant de tomber à près des 30 dollars six mois plus tard. Actuellement aux alentours des 92 dollars, il n'inquiète pas outre mesure la Banque mondiale qui le voit à 85 dollars en moyenne en 2011, contre 79 en 2010.
Pour les autres matières premières, elle prévoit une stabilité (-0,1%) des cours en dollars. Le scénario de l'éruption inflationniste de 2008, qui avait fait renaître le vieux mot de "stagflation", devrait être évité, selon la Banque mondiale, tant que l'offre suivra le rythme de la demande.
"La situation est également légèrement différente de 2008, car tout d'abord sur les marchés de céréales, les stocks sont beaucoup plus grands que la situation serrée d'alors, et par ailleurs, [le marché] est beaucoup plus local, beaucoup plus divers" que pour les matières premières industrielles, a relevé M. Timmer.
En 2008, la poussée des marchés de matières premières s'était brutalement arrêtée avec la faillite de la banque américaine Lehman Brothers en septembre. Interrogé pour savoir comment s'y prendre autrement, l'économiste a dit espérer que l'offre répondrait.
"On a toujours là de larges stocks, qui n'étaient pas disponibles lors de la crise de 2008, mais clairement nous sommes sur une tendance montante. Et les conséquences pour les gens et les pays peuvent être graves", a-t-il estimé.