Le médiateur nommé dans le dossier SeaFrance, dont le trafic en Manche est interrompu depuis le 15 novembre, n'a pas réussi lundi à mettre d'accord administrateurs judiciaires et syndicats qui réclament une reprise des traversées, a-t-on appris auprès de l'avocat de ces derniers.
"Il n'y aura pas d'accord de médiation. Les précisions apportées (par les administrateurs, NDLR) à ce qui était envisagé vendredi rendent inacceptable tout accord", a indiqué Me Philippe Brun, avocat de la CFDT, qui propose de reprendre la société via une coopérative ouvrière.
Cet accord devait, selon le ministère des Transports, permettre de réaliser un bilan technique des quatre navires de la compagnie de ferries entre Calais et Douvres d'ici au 12 décembre, date à laquelle ils pourraient reprendre la mer.
La direction avait décidé d'interrompre le trafic le 15 novembre. Cette décision, motivée par des craintes pour la sécurité alors que certains syndicalistes auraient menacé de couler des navires, a été reconduite par les administrateurs judiciaires après que SeaFrance fut placée en liquidation.
"C'est une grande déception, on pensait pouvoir être constructif sur ce sujet, apaiser les uns et les autres en montrant qu'il fallait tous se tourner vers la coopérative ouvrière, or manifestement ça n'intéresse personne", a regretté Me Brun.
Le tribunal de commerce de Paris a prononcé le 16 novembre la liquidation judiciaire de SeaFrance, filiale lourdement déficitaire de la SNCF, avec poursuite de l'activité jusqu'au 28 janvier. De nouvelles offres de reprise peuvent être déposées d'ici le 12 décembre.
Me Brun avait assigné les administrateurs de SeaFrance en référé afin d'exiger une reprise des traversées. Le juge des référés du tribunal de Paris avait nommé le 22 novembre un médiateur, qui devait trouver une solution à l'amiable d'ici le 2 décembre. Le cas échéant, le juge a prévu de prendre une ordonnance sur la question, le 6 décembre.
"On va prévenir le juge de l'échec de la médiation pour qu'il rende une ordonnance le plus rapidement possible afin de mettre fin aux atteintes à la liberté du travail, qui est un principe constitutionnel", a précisé l'avocat.
Une grande partie des 880 salariés en CDI continuent en effet à occuper les navires, estimant qu'ils sont injustement privés de travail.
"Comme ça a échoué, on va demander au juge de raccourcir les délais, ça ne sert à rien d'attendre", a poursuivi Me Brun.
"Nous sommes déçus et écoeurés de voir que la destruction de SeaFrance continue", a pour sa part commenté Didier Cappelle, secrétaire général Maritime Nord. "Ceci dit, même si la médiation avait été signée, ça n'aurait pas tout arrangé, on a toujours de l'espoir", a-t-il ajouté.
"On va maintenant faire le point entre les bonnes et les mauvaises nouvelles", a-t-il dit, confirmant que l'ancien directeur général de Brittany Ferries, Jean-Michel Giguet, avait accepté de diriger la Scop si celle-ci voyait le jour.