La baisse des prix, appliquée par seulement un restaurateur sur deux depuis le 1er juillet, date du passage de la TVA de 19,6 à 5,5% (hors alcool), n'a pas eu, un mois après, d'effet visible sur l'activité du secteur, sauf pour les chaînes qui disent avoir vu un peu plus de clients.
"Fin juin on était à -8% en terme de fréquentation. Au 20 juillet, on était à +2%". Président du syndicat des restaurants de chaîne (SNRTC), Philippe Labbé ne fanfaronne pas mais considère que "les consommateurs semblent avoir pris conscience petit à petit des baisses de prix".
Si moins d'un restaurateur indépendant sur trois a baissé ses prix, selon Bercy, 90% des chaînes ont respecté ou dépassé l'accord conclu entre l'Etat et les organisations professionnelles et largement communiqué sur leurs "efforts en faveur du pouvoir d'achat".
"Nos restaurants perdent moins de clientèle ou améliorent un peu leur fréquentation", confirme Jean-Michel Texier, président du directoire du groupe Frères Blanc (30 établissements dont Chez Clément et plusieurs brasseries), sans vouloir parler de "retournement de tendance".
Fait rare, ces professionnels se félicitent de la baisse du "ticket moyen", le prix moyen tout compris payé par personne. "Moins 5%", se réjouit M. Labbé qui explique : "la baisse porte sur le prix TTC payé par le consommateur. C'est donc lui qui profite de la baisse". Quant au restaurateur, "son chiffre d'affaires hors taxes ne change pas ou augmente avec la fréquentation".
Mais, note M. Texier, "les clients ne semblent pas vraiment intéressés, posent peu de questions".
Même constat sur le peu d'intérêt du consommateur de la part de Jacky Gallmann, patron de la brasserie Georges à Lyon, et Luc Bertrand de La Terrasse, un restaurant gastronomique des bords de Loire près d'Angers, qui ont baissé leurs prix.
Peu de questions des clients, disent-ils, pas d'augmentation de l'activité et pas de rush sur les plats en baisse dans ces établissements qu'on ne choisit pas d'abord pour leurs prix.
Le consommateur est pourtant au coeur du dispositif puisque Bercy espère qu'en choisissant les restaurants ayant baissé les prix, il incite tous les restaurateurs à revoir leurs tarifs.
Les syndicats de restaurateurs non plus n'ont pas noté d'évolution dans l'activité. "La crise est là, il y a moins de touristes", avance Christine Pujol, présidente de l'Umih, la principale organisation patronale. "Peut-être que si les Français partent moins à l'étranger et passent plus leurs vacances en France, cela sera bénéfique", ajoute Didier Chenet, président du Synhorcat.
Les organisations patronales ont été appelées par le gouvernement à poursuivre l'information des restaurateurs, qui n'étaient qu'un sur deux à avoir baissé des prix, selon une enquête de Bercy. Le secrétaire d'Etat au Commerce, Hervé Novelli espérait qu'ils seraient deux sur trois en fin de saison.
"Beaucoup de restaurateurs ne se rendent pas encore compte de ce que ce passage de 19,6 à 5,5% de TVA représente dans leur comptabilité. Ils le verront quand ils feront leur chèque au fisc (fin août, NDLR), et cela en incitera à baisser les prix", espère Christine Pujol.
Autre volet de la baisse de la TVA : les augmentations de salaire. Le résultat se fait également attendre. Les négociations doivent reprendre à la rentrée puisque la proposition d'augmentation moyenne des salaires moyenne de 5,6% a été acceptée par la CFDT et la CGC, mais jugée "insuffisante" par la CGT, FO et la CFTC.