Le Royaume-Uni a enregistré au deuxième trimestre sa plus forte croissance en quatre ans, surprenant les économistes qui prévoyaient une expansion bien plus modeste, et confortant le gouvernement dans l'idée que le pays saura surmonter une cure d'austérité sans précédent.
Le Produit intérieur brut (PIB) britannique a augmenté de 1,1% sur le deuxième trimestre par rapport au précédent, et a bondi de 1,6% sur un an, a annoncé vendredi l'Office des statistiques nationales (ONS), l'équivalent britannique de l'Insee.
C'est le taux de croissance le plus élevé constaté depuis le premier trimestre 2006, et une énorme surprise pour les économistes, qui tablaient sur une croissance de 0,6% seulement sur le trimestre, et de 1,1% sur un an, d'après une note de Crédit Agricole CIB.
Ce bond d'ampleur inattendue est dû principalement aux performances des secteurs des services aux entreprises, de la finance, et du BTP, partiellement compensées par un déclin de l'activité dans les transports, la logistique et la communication, a expliqué l'ONS.
Les économistes se sont retrouvés presque à court de superlatifs pour décrire cette embellie surprise, qui fait suite à plusieurs trimestres de performances décevantes de l'économie britannique, laquelle n'était sortie de la récession qu'à l'automne dernier bien après l'Allemagne et la France, et encore à un rythme poussif.
"C'est un taux de croissance complètement incroyable", a lancé Howard Archer, du cabinet IHS Global Insight, tandis que pour Simon Hayes, de Barclays Capital "on a desserré le frein qui pesait sur l'économie".
Cette accélération ne manquera pas d'être revendiquée par le Labour, qui a quitté le pouvoir à la mi-mai.
Le nouveau ministre des Finances conservateur George Osborne a quant à lui prévenu que l'économie britannique était loin d'être tirée d'affaire, tout en jugeant que ces chiffres confirmaient son opinion qu'elle était à même de supporter la cure d'austérité sans précédent qu'il a annoncée au mois de juin.
"Ces chiffres montrent que le secteur privé a contribué presque totalement à la croissance du deuxième trimestre, et confirme sans aucun doute que c'était le bon moment pour agir sur le déficit", a-t-il réagi.
"Même si je suis prudemment optimiste quant à la trajectoire de l'économie, le travail est loin d'être accompli. La priorité désormais est d'appliquer les politiques pour rééquilibrer le budget, et conforter la croissance", a-t-il ajouté.
M. Osborne avait annoncé il y a un mois un plan d'austérité d'ampleur jamais vue au Royaume-Uni, visant à dégager des dizaines de milliards d'euros d'économies, pour éliminer en cinq ans la quasi-totalité du déficit budgétaire légué par le Labour.
Mais les économistes se sont montrés plus réservés, beaucoup soulignant le danger que cette cure d'austérité, et des facteurs extérieurs, ne freinent la croissance dans les prochains trimestres.
Neville Hill, de Credit Suisse, a jugé que "cette forte croissance est une preuve que la reprise est solide, ample et de plus en plus durable", mais Jonathan Loynes de Capital Economics s'est dit quant à lui convaincu que "l'énorme tour de vis budgétaire aura des effets négatifs importants sur l'économie".
Un avis partagé par M. Archer. "Nous soupçonnons toujours que l'activité économique sera chahutée et relativement modeste au deuxième semestre, en raison du début d'application de la politique de restriction budgétaire, de fortes contraintes sur les consommateurs, des problèmes dans la zone euro et d'une croissance mondiale ralentie", a-t-il mis en garde.