La voie semblait désormais libre à un rachat par General Motors Company du site de GM à Strasbourg après la signature vendredi d'un accord par trois syndicats et la direction, mais le refus de de la CGT de le parapher pourrait handicaper le projet de reprise.
La CFDT, largement majoritaire parmi les 1.150 salariés, ainsi que FO et la CFTC ont signé un accord de reprise qui préserve l'emploi pour trois ans en contrepartie d'une diminution de 10% des coûts salariaux pour rendre l'usine de boîtes de vitesses compétitive avec un autre site au Mexique.
Les délégués de la CGT, deuxième syndicat de l'usine, ont boudé la cérémonie de signature, ne voulant pas se rendre complice d'un "recul social", en approuvant un document qui demande des sacrifices importants aux salariés.
Huit délégués CGT, bloqués vendredi par une cinquantaine de salariés mécontents que la CGT ait refusé de signer l'accord de reprise de l'usine par General Motors Company, ont finalement pu sortir de leur local, a-t-on appris de source syndicale.
Bloqués dans leur local pendant environ trois quarts d'heure, les syndicalistes ont pu sortir peu après 18H00, a indiqué à l'AFP Roland Robert, délégué CGT et leader du second syndicat sur le site après la CFDT.
En cas de reprise par GMC, détenue à 60% par l'Etat fédéral américain, les salariés devront accepter une réduction des RTT de 16 à 10 jours ainsi qu'un gel des salaires pendant deux ans et de l'intéressement jusqu'en 2013.
L'accord de reprise avait été approuvé lundi par plus de deux tiers des 1.105 salariés lors d'une consultation interne où seule la CGT avait appelé à voter contre un tel rachat pour l'euro symbolique.
Jeudi le comité d'entreprise (CE) avait donné son indispensable feu vert au projet de reprise.
Vendredi la direction du site s'est toutefois déclarée "déçue" et inquiète", ne se voulant "pas persuadée" que GMC aille au bout de son projet.
Dans son offre de reprise, General Motors Company "a formellement demandé que les nouveaux accords soient signés par tous les délégués syndicaux", a rappelé un représentant de la direction du site alsacien.
"Cette condition n¹est pas remplie et GM Strasbourg en informera dès vendredi après-midi General Motors Company qui aura à se prononcer sur le maintien de son offre", a-t-il ajouté.
Il a expliqué à l'AFP que l'usine de Strasbourg fabriquait annuellement 270.000 boîtes de vitesses, à part quasi égales pour BMW et General Motors.
La production est destinée aux marchés américain, chinois et australien et "sa localisation en Europe n'est donc pas forcément plus attractive qu'au Mexique".
L'usine alsacienne, vaisseau-amiral de l'immense zone industrielle du port du Rhin, était encore il y a dix ans l'un des plus gros sites industriels en Alsace avec près de 3.000 employés. Au fil des années et de plans de départ volontaires, ses effectifs ont fondu.
Avec la déroute du géant américain, l'usine a été placée en 2008 sous le contrôle de MLC, la coquille chargée de céder les actifs de GM.
Malgré de nombreux contacts, celle-ci n'a pas trouvé repreneur à ce jour et pourrait donc prochainement retomber dans la nouvelle entité de GM.
Les salariés qui partiront pour deux semaines en congé lundi prochain, espéraient majoritairement vendredi la conclusion d'un accord qui permette de pérenniser le site.