Le chef économiste du Fonds monétaire international (FMI) Olivier Blanchard a estimé que les Etats-Unis "manquent d'un plan crédible, à moyen terme, pour réduire leurs déficits budgétaires", dans une interview au Monde daté de jeudi.
"Il y a des raisons d’être inquiet", déclare Olivier Blanchard, interrogé sur les mesures d'assainissement budgétaire prises par les Etats-Unis, alors que l'agence de notation Standard and Poor's a décidé lundi de placer la dette à long terme du pays sous perspective "négative".
Selon lui, "les Etats-Unis manquent d’un plan crédible, à moyen terme, pour réduire leurs déficits budgétaires" et si "le discours du président Barack Obama, prononcé le 13 avril, va dans la bonne direction", les "décisions concrètes restent à prendre".
Pour le chef économiste du FMI, "le débat entre les deux partis (républicain et démocrate) qui s’est conclu le 8 avril par un plan d’économies de 39 milliards de dollars (27 milliards d’euros) était insuffisant".
"Le fossé idéologique est énorme entre démocrates et républicains sur la façon de traiter le problème", souligne-t-il, estimant de surcroît que ce problème "leur semble d’autant moins urgent à traiter que les Etats-Unis n’ont aucune difficulté à placer leurs bons du Trésor, qui financent leurs déficits".
Lundi, Standard and Poor's a fait passer de "stable" à "négative" sa perspective sur la note de dette de l'Etat fédéral, estimant qu'il y avait une chance sur trois pour qu'il perde sa note maximale, "AAA", dans les deux ans à venir.
Le président Barack Obama et son secrétaire au Trésor Timothy Geithner ont cependant souligné mardi qu'ils ne laisseraient pas cela se produire.
Sur la crise des dettes souveraines de plusieurs plays de la zone euro, Olivier Blanchard juge qu'ils "ne se sauveront pas seulement par des sacrifices budgétaires".
"Il faut que, comme le reste de l’Europe, qui se traîne à 1,5% de croissance et qui est contrainte à des ajustements douloureux, ces pays comprennent que leurs efforts devront être poursuivis dans la durée", plaide-t-il.
Placés selon lui "dans l’impossibilité de dévaluer en raison d’une monnaie commune, l’euro", ils sont condamnés à "améliorer considérablement leur productivité, ou baisser leurs salaires, ou les deux", poursuit-il.
Olivier Blanchard se prononce pour "des réformes structurelles, notamment de leur marché du travail" comme la fin du "dualisme entre les contrats à durée indéterminée et déterminée" mais aussi en faveur de "réformes sur le marché des biens".
Il évoque le cas du Portugal où selon lui "le secteur immobilier est d’une grande inefficacité en l’absence d’économies d’échelle, car le foisonnement des réglementations empêche de construire un parc homogène".
"L’effet de ces réformes prendra du temps, et, avant qu’on en voie les résultats, ces pays auront du mal à revenir emprunter sur les marchés", observe-t-il cependant.