par John Irish et Elizabeth Pineau
PARIS (Reuters) - Quelque 80 pays et organisations internationales se réunissent ce jeudi à Paris pour une conférence sur Gaza destinée à coordonner l'aide et à évaluer les moyens de soigner les blessés de l'enclave palestinienne, mais les attentes de résultats concrets sont faibles en l'absence de pause dans les combats.
Si la France a apporté son soutien à Israël à la suite de l'attaque du Hamas le 7 octobre qui a fait 1.400 morts, les préoccupations sont croissantes à l'égard des victimes civiles dans la bande de Gaza signalées chaque jour dans les frappes israéliennes menées depuis lors en représailles. Des milliers de personnes ont été tuées, blessées et déplacées.
"Ce n'est un secret pour personne que l'accès aujourd'hui est difficile à Gaza pour les biens de première nécessité - médicaments, eau... Donc l'objet, c'est vraiment de travailler avec l'ensemble des participants et aussi avec Israël (...) pour permettre l'amélioration de l'accès", a déclaré un représentant de l'Elysée à des journalistes en amont de la conférence.
Le Premier ministre de l'Autorité palestinienne, basée en Cisjordanie, sera présent à Paris, alors qu'Israël n'a pas été invité. Des représentants français ont indiqué qu'Israël était tenu informé de l'initiative et des travaux menés.
Des acteurs régionaux comme l'Egypte, la Jordanie et des pays du Golfe vont prendre part à la conférence, de même que les puissances occidentales et les membres du G20 à l'exception de la Russie. Il est prévu que des institutions internationales et des ONG comme Médecins sans frontières (MSF), qui opèrent à Gaza, participent aussi aux discussions.
Mais les rangs des participants seront relativement faibles. Peu de chefs d'Etat et de gouvernement, ou de ministres des Affaires étrangères, feront le déplacement, tandis que les ONG ont dénoncé un manque de pressions en faveur d'un cessez-le-feu.
Il s'agira de "répéter les positions nationales, de déclarer ce que chaque Etat a donné et va donner, de dire que les civils doivent être protégés et que le droit humanitaire international doit être respecté", a déclaré un diplomate européen.
SE PRÉPARER EN VUE D'UNE PAUSE HUMANITAIRE
Des représentants français disent espérer que la conférence permettra de poser les bases en vue d'une pause dans les affrontements à Gaza afin que la réponse internationale puisse alors être rapide.
Paris prévoit notamment d'oeuvrer à mobiliser des ressources financières, alors que les Nations unies ont évalué à 1,1 milliard de dollars les besoins immédiats des civils palestiniens, tandis que plusieurs acteurs ont été identifiés pour apporter de l'aide d'urgence, en comptant sur l'ouverture de couloirs humanitaires vers Gaza.
Il est attendu que la France annonce lors de la conférence des engagements revus à la hausse.
Restaurer les arrivées d'eau potable, de carburant et l'électricité doit être discuté, de même que des procédures pour garantir que les aides pour Gaza ne seront pas détournées par le Hamas.
Au menu des discussions, aussi, la mise en place d'un corridor maritime pour acheminer de l'aide dans l'enclave via sa côte et la façon dont des navires pourraient être utilisés pour aider les blessés évacués de la bande de Gaza.
Si l'hypothèse d'installer des hôpitaux de campagne doit être évaluée, des diplomates ont indiqué que l'Egypte était réticente à l'idée d'accueillir une multitude d'hôpitaux sur son territoire. En l'absence d'une pause humanitaire ou d'un cessez-le-feu à Gaza, il est difficile d'en installer dans l'enclave.
Israël et le Hamas ont répété qu'ils excluaient un cessez-le-feu, amenuisant les espoirs d'une avancée humanitaire rapide. Israël demande au préalable la libération de tous les otages, tandis que le Hamas dit qu'il ne cessera pas de combattre tant que la bande de Gaza sera assiégée.
"Nous nous attendons à ce que la conférence sur les questions humanitaires à Gaza soulève bien entendu la question des 241 otages israéliens, qui sont à Gaza, dont des bébés, enfants, femmes et personnes âgées", a déclaré à Reuters un représentant israélien.
Il s'agit d'une question humanitaire primordiale, a ajouté ce représentant. "La communauté internationale doit discuter de ce sujet dans le cadre des discussions humanitaires pour Gaza".
Un représentant de l'Elysée a fait savoir que la question serait sur la table.
(Reportage John Irish, rédigé par Jean Terzian)