par Tanya Agrawal et Sinead Carew
NEW YORK (Reuters) - Wall Street a fini en baisse mardi, emportée par des valeurs de l'énergie plombées par un net recul du pétrole, tandis qu'un rally des valeurs high tech tend à s'essoufler et que l'évolution de la politique monétaire de la Réserve fédérale reste une hytpothèque sur la cote.
Le brut a touché son plus bas niveau en sept mois en raison de l'augmentation de la production de plusieurs grands pays producteurs, tendant à saper les efforts de l'Opep et d'autres producteurs en vue de désengorger le marché.
Le WTI texan et le Brent de Mer du Nord, qui ont fini en nette baisse mardi, sont tous deux en retrait de plus de 15% depuis fin mai.
L'indice S&P des valeurs de l'énergie a perdu 1,25%.
"Les cours pétroliers approchent d'une zone baissière et Wall Street accuse le coup psychologiquement", a dit Adam Sarhan (50 Park Investments).
L'indice Dow Jones a perdu 61,85 points (0,29%) à 21.467,14 points. Le S&P-500, plus large, a cédé 16,43 points (0,67%) à 2.437,03 points. Le Nasdaq Composite a laissé 50,98 points (0,82%) à 6.188,03 points.
Ce recul des cours pétroliers n'a pas semblé affecter uniquement le secteur de l'énergie. "Beaucoup d'actions qui n'ont absolument rien à voir avec le pétrole en ont subi les retombées", a observé Steven Massocca (Wedbush Securities).
C'est ainsi que l'indice S&P des valeurs des biens de consommation non essentiels a lui aussi cédé 1,25%, comme celui de l'énergie, plus forte perte sectorielle de la journée.
Il est vrai que le secteur de la distribution n'a pas été non plus à la fête en raison de la dernière trouvaille d'Amazon (NASDAQ:AMZN).com pour développer son segment prêt-à-porter. Le service Prime Wardrobe permettra aux adhérents de commander des articles de confection et de les essayer; ils ne payeront ainsi que les articles qu'ils ne retourneront pas.
C'est une nouvelle initiative du géant de la distribution pour augmenter les adhésions à son service Prime après son offensive dans l'alimentaire avec l'achat de Whole Foods Market.
L'indice S&P des technologiques a lui lâché 0,78%, après avoir enregistré deux semaines dans le rouge d'affilée, les intervenants s'inquiétant des valorisations et privilégiant des valeurs défensives dans un contexte de remontée des taux d'intérêt.
"Il y a eu beaucoup de monde pour faire du ramassage à bon compte lorsque les techs ont reculé mais il y a maintenant une mini-rotation qui profite à des secteurs sous-performants comme la santé et les biotechs", a observé Sarhan.
Pour Jeffrey Saut (Raymond James Financial), beaucoup d'investisseurs restent sans doute en coulisses dans l'attente d'une élection parlementaire en Georgie qui pourrait avoir valeur d'exemple pour l'avenir de la présidence de Donald Trump.
"Si la républicaine gagne, il y aura un rally parce que ça voudra dire que le programme de Trump a de meilleures chances de passer que si c'est le démocrate qui l'emporte", a-t-il dit.
Aux valeurs, l'action du deuxième promoteur immobilier Lennar a gagné 2,1%, à la faveur d'un bénéfice supérieur aux attentes. Dans le même secteur, D.R. Horton et Pultegroup ont pris 0,9% et 0,3% respectivement.
Chipotle a perdu 7,3%, la chaîne de restauration rapide ayant signalé que ses charges d'exploitation seraient au deuxième trimestre un peu supérieures à celles du trimestre précédent.
Le volume a été de l'ordre de 7,1 milliards de titres échangés à comparer à une moyenne de 6,86 milliards au cours des 20 dernières séances.
Sur le marché des changes, le dollar a inscrit un pic d'un mois de 97,871 face à un panier de devises de référence, les cambistes comptant encore sur une hausse des taux aux Etats-Unis d'ici la fin de l'année, tandis que le sterling a rétrogradé à un plus bas de deux mois de 1,2603 dollar dans la mesure où la Banque d'Angleterre ne semble pas du tout disposé à suivre l'exemple de son homologue américaine.
Sur celui des Treasuries, la courbe des rendements s'est aplatie à son niveau le plus bas depuis décembre 2007, en réaction aux dernières déclarations de responsables de la Fed, qui ont également joué sur Wall Street.
Le spread est tombé à 96 points de base entre le papier à cinq ans et le papier à 30 ans.
Les taux très bas aux Etats-Unis et ailleurs créent des risques pour la stabilité financière et les banquiers centraux doivent prendre cet élément en compte dans leurs décisions de politique monétaire, a ainsi dit mardi le président de la Réserve fédérale de Boston, Eric Rosengren.
Robert Kaplan, son homologue de la Fed de Dallas, a toutefois estimé qu'au vu du faible rendement de l'emprunt d'Etat à 10 ans, la banque centrale devait user de prudence dans le processus de resserrement monétaire.
Il a ajouté qu'il fallait bien dénouer en partie la politique monétaire ultra-accommodante du moment mais qu'il fallait ensuite attendre les signes attestant d'une véritable remontée de l'inflation ou prouvant que l'accès de faiblesse récente de l'inflation n'est que momentané.
(Wilfrid Exbrayat pour le service français)