PARIS (Reuters) - Trois candidats, dont la Française Audrey Azoulay, étaient en lice vendredi pour prendre la tête de l'Unesco et diriger une institution en proie aux luttes intestines et encore affaiblie au lendemain du départ-surprise des Etats-Unis et d'Israël.
Ces deux pays ont claqué la porte de l'institution jeudi en accusant l'organisation onusienne basée à Paris de discrimination anti-israélienne.
La personnalité qui succédera à la Bulgare Irina Bokova pour diriger l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture aura pour première tâche de restaurer l'autorité d'une institution devenue peu audible en dehors de son classement des sites remarquables au patrimoine mondial.
Après quatre jours de vote à bulletins secrets, l'ancien ministre de la Culture du Qatar, Hamad ben Abdelaziz al Kaouari, s'est qualifié jeudi pour le tour final qui a lieu ce vendredi soir. Il sera opposé soit à Audrey Azoulay, soit à l'Égyptienne Mouchira Khattab, une diplomate qui a aussi été ministre de la Famille et de la population, qui seront départagées vendredi par un vote des 58 membres du conseil exécutif de l'Unesco.
Si les deux candidates devaient arriver ex-aequo, elles seront tirés à la courte paille.
REVERS MAJEUR
"L’Unesco a plus que jamais besoin d'un projet dans lequel tous les Etats membres puissent se retrouver, qui rétablisse la confiance et dépasse les clivages politiques au seul service des missions essentielles de l'Unesco", a déclaré jeudi soir la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Agnès Romatet-Espagne.
"C’est ce projet que la France porte aujourd’hui, à travers la candidature de Mme Audrey Azoulay," a-t-elle ajouté.
Si l'Unesco est surtout connue pour la protection des sites considérés comme faisant partie du patrimoine commun de l'humanité, l'essentiel de son budget est consacré à des programmes d'éducation.
A cet égard, le retrait des Etats-Unis, qui contribuent à un cinquième de son budget, est un revers majeur pour l'organisation parisienne.
"Malheureusement, ce lieu est devenu politisé, ce qui a discrédité le travail de l'Unesco relativement à son mandat. C'est devenu un lieu où s'expriment des positions anti-israéliennes, et, malheureusement, nous prenons la décision de nous retirer de l'Unesco à ce stade", a explique le chargé d'affaires américain à l'Unesco, Chris Hegadorn.
La compétition pour la direction générale est également le miroir des rivalités entre le Qatar et l'Egypte. Ce dernier pays, a, avec d'autres pays arabes menés par l'Arabie saoudite, rompu ses relations diplomatiques avec Doha, accusant le pouvoir qatari de soutenir les groupes islamistes fondamentalistes, ce que ce dernier dément.
(John Irish, avec Danielle Rouquié, édité par Yves Clarisse)