La semaine dernière, le Premier ministre thaïlandais, Srettha Thavisin, a ordonné le renversement de la politique historique du pays en matière de cannabis, signalant que la plante devrait bientôt être à nouveau classée comme stupéfiant et son utilisation limitée à des fins médicales et sanitaires.
Cela survient deux ans après que l’ancien Premier ministre Prayuth Chan-Ocha a décriminalisé cette drogue pour attirer les touristes, exploiter le marché de la marijuana médicale et aider les agriculteurs en difficulté.
Les retombées de l’expérience sur les mauvaises herbes
L’annonce du Premier ministre ne devrait pas surprendre : le nouveau gouvernement réfléchit depuis un certain temps à ses options. L’expérience sur les mauvaises herbes ne s’est pas déroulée comme prévu.
Revenir en arrière ne sera pas facile, mais le royaume doit persévérer et tenter de réguler ce secteur, même si les conséquences sont douloureuses. L’ignorer affectera la jeunesse et l’harmonie sociale du pays : en fin de compte, l’industrie ne profite qu’aux entreprises, pas aux agriculteurs pauvres.
Des résultats mitigés de la décriminalisation
En se promenant récemment dans les ruelles étroites de Bangkok, il était impossible de manquer les nombreux cafés qui se déversaient dans les rues, ou l’odeur distincte de la marijuana flottant dans l’air doux.
Ces dispensaires ont vu le jour apparemment du jour au lendemain après la décision de légaliser le cannabis en 2022. Malgré les avantages potentiels tels que la réduction de la pression sur les tribunaux et les prisons, le conservatisme culturel thaïlandais et les lois régionales sur les drogues compliquent la décriminalisation complète.
Motivations et défis économiques
Une partie de la volonté de légaliser le cannabis était motivée par des raisons économiques : l’Université de la Chambre de commerce thaïlandaise a estimé que l’industrie nationale du cannabis pourrait valoir 1,2 milliard de dollars d’ici 2025.
Cependant, le marché non réglementé a permis aux entreprises étrangères d’en profiter, et les inquiétudes se multiplient quant aux impacts sociaux et sanitaires sur les jeunes.
L’impact sur la jeunesse et la santé
Des recherches récentes montrent que la consommation de cannabis chez les 18 à 65 ans est passée de 2,2 % en 2019 à 25 % depuis la décriminalisation.
Les jeunes fument davantage d’herbe : la consommation chez les 18-24 ans a décuplé pour atteindre 9,7 % en 2023. Les médecins signalent qu’un plus grand nombre de patients recherchent un traitement pour des problèmes liés au cannabis.
Si le gouvernement reclasse le cannabis comme drogue de catégorie cinq, sa possession pourrait entraîner de lourdes sanctions, pouvant aller jusqu’à 15 ans de prison.
Naviguer sur un terrain d’entente
L’interdiction pure et simple de cette drogue causera du tort aux agriculteurs, aux propriétaires de petites entreprises, aux touristes et aux consommateurs. Une approche intermédiaire, revenant à l’usage médical, serait judicieuse.
Taxer la marijuana pourrait augmenter les revenus du gouvernement, et réglementer le secteur pour donner la priorité aux entreprises locales contribuerait à atteindre l’objectif initial.
La Thaïlande a assez longtemps profité des bienfaits de cette industrie lucrative ; il est désormais temps de procéder à une chute gérée et rationnelle.