PARIS (Reuters) - Fitch Ratings a baissé vendredi la note souveraine de la France d'un cran à "AA" contre "AA+" auparavant, l'agence de notation estimant que la faiblesse de la conjoncture du pays mettait en péril les objectifs de réduction des déficits.
La perspective attachée à cette note est stable.
Dans un communiqué, Michel Sapin, ministre des Finances, dit "prendre note" de la décision de Fitch, tout en réaffirmant "la qualité de la signature de l'Etat français".
"La dette française est parmi les plus sûres et les plus liquides au monde, avec une charge de la dette contenue, comme le souligne Fitch dans son appréciation. Elle dispose d'une base d'investisseurs solide et diversifiée. Cette confiance des investisseurs se nourrit d'une stratégie économique cohérente, que le gouvernement entend poursuivre avec détermination", ajoute-t-il.
Fitch estime dans un communiqué que la faiblesse de l'économie française met en péril les perspectives à la fois de consolidation budgétaire et de stabilisation du ratio d'endettement public.
Jeudi, Paris a pourtant annoncé une révision à la baisse de ses prévisions de déficit public, précisant anticiper désormais un total représentant 4,1% du produit intérieur brut (PIB) fin 2015, 3,6% fin 2016 et 2,7% fin 2017.
Le gouvernement prévoyait auparavant de ramener le déficit à 4,3% du PIB fin 2015, après 4,4% fin 2014, puis 3,8% fin 2016 et 2,8% fin 2017.
CROISSANCE INFÉRIEURE À LA MOYENNE DE LA ZONE EURO
Selon Fitch, la croissance du pays devrait cette année être inférieure à la moyenne de la zone euro et ce pour la première fois depuis quatre ans.
"La poursuite d'une période de piètres performances économiques, qui a commencé en 2012, accroît les incertitudes au sujet des perspectives de croissance sur le moyen terme", ajoute l'agence de notation.
Au début du mois, Standard & Poor's a abaissé ses prévisions de croissance économique pour la France, à 0,4% cette année, 0,7% en 2015 et 1,2% en 2016, alors que le gouvernement prévoit une croissance de 0,4% cette année, de 1,0% l'an prochain et de 1,7% en 2016.
Le Fonds monétaire international (FMI) avait de son côté revu en baisse début octobre ses prévisions de croissance pour la France, à 0,4% pour cette année et 1,0% pour l'an prochain.
L'agence de notation avait placé la note à long terme "AA+" de la France en "rating watch negative" le 14 octobre.
Dans une note diffusée vendredi matin, les économistes de Société générale estimaient que l'impact sur le marché d'une éventuelle dégradation "devrait être limité".
L'agence Moody's a quant à elle maintenu le 19 septembre la perspective négative sur la note "Aa1" qu'elle donne à la France, soit la deuxième meilleure note.
Standard and Poor's a pour sa part baissé la note de la France une première fois en janvier 2012 et une deuxième fois en novembre 2013, à "AA". L'agence a révisé la perspective de stable à négative le 10 octobre.
(Jean-Baptiste Vey et Benoît Van Overstraeten, édité par Pierre Serisier)