Les actionnaires se sont montrés plus virulents lors des assemblées générales cette année, en particulier sur les sujets emblématiques de la rémunération des patrons et des droits de vote double, selon une étude jeudi de l'Hebdo des AG.
"Le mouvement protestataire général intervient dans un contexte plutôt confortable pour les actionnaires. Les résultats sont bons, les dividendes élevés et les cours de Bourse se portent bien", résume Bénédicte Hautefort, éditrice de L'Hebdo des AG, spécialisée dans les questions de gouvernance.
"Le point commun sur tous les sujets est que les actionnaires minoritaires expriment des vues différentes de celles des actionnaires de référence ou des administrateurs indépendants", selon elle, son étude ayant été réalisée à partir de l'analyse de 95 assemblées générales d'entreprises du SBF 120 tenues à ce jour.
Les actionnaires se sont fait entendre en proposant deux fois plus de résolutions "dissidentes", non issues de la direction, au nombre de 10 en 2015 contre 4 l'an passé. Si elles ont toutes été finalement rejetées, leur score a atteint 28%, soit bien plus que les 9% enregistrés 2014.
Deux sujets ont particulièrement été en vue cette année, à savoir les rémunérations avec notamment le "say on pay" et les droits de vote double imposés par le gouvernement avec la loi Florange.
Concernant le "say on pay", qui en est à sa deuxième année d'application et consiste à soumettre les rémunérations des dirigeants au vote consultatif des actionnaires, ces derniers ont été plus exigeants.
Les actionnaires ont donné leur approbation à 87%, un chiffre en baisse par rapport aux 92% en 2014.
Dans le même temps, les actionnaires, notamment les minoritaires, ont été très mobilisés sur les droits de vote double.
Promulguée le 29 mars 2014, la loi Florange est destinée à assurer la stabilité de l'actionnariat en rendant automatique l'attribution d'un droit de vote double pour tout actionnaire détenant ses titres depuis plus de 2 ans.
Au total, les droits de vote double se sont imposés dans 70% des entreprises, mais lorsque les actionnaires ont été consultés, ils ont voté à 87% contre.
"Les droits de vote double sont passés en force et cela laisse des traces", souligne Bénédicte Hautefort.
Selon elle, "ce qui a pu choquer c'est que l'Etat actionnaire, s'ajoutant à l'Etat législateur, l'impose dans certaines entreprises alors que plusieurs autres administrateurs et des actionnaires minoritaires s'exprimaient publiquement contre", comme dans le cas de Renault (PARIS:RENA) et Engie (ex-GDF Suez).