par Adama Diarra
BAMAKO (Reuters) - Un commando d'islamistes présumés a pris d'assaut vendredi un hôtel du centre du Mali fréquenté notamment par le personnel de la Minusma, la mission de maintien de la paix de l'Onu, et s'est retranché à l'intérieur avec une dizaine d'otages dont un Russe et un Ukrainien, indiquent des sources militaires maliennes.
Selon des témoins et des sources militaires, cinq soldats et un homme de race blanche auraient été tués lors de l'attaque et au cours des échanges de coups de feu qui ont suivi. Trois des assaillants, dont un portant une ceinture d'explosifs, ont également péri.
Dans un communiqué, la Minusma a indiqué vendredi qu'"un membre du personnel international participant" à la mission "avait été tué au cours de l'attaque". La nationalité de la victime n'a pas été précisée.
Un porte-parole du ministère de la Défense a déclaré qu'une dizaine d'otages se trouvaient probablement à l'intérieur de l'hôtel Byblos.
"Les hommes armés se sont retranchés dans l'hôtel et ont pris en otage les personnes à l'intérieur. L'armée cherche une solution", a dit le colonel Souleymane Maiga, porte-parole de l'armée.
L'ambassade de Russie à Bamako a confirmé qu'un ressortissant russe avait été capturé par les assaillants. L'Ukraine a également signalé la présence d'un de ses citoyens dans l'hôtel.
L'hôtel où le commando a fait irruption vers 08h00 (08h00 GMT) se trouve à Sévaré, près de la ville de Mopti, le long de la route menant à l'aéroport local. Des soldats des Forces armées maliennes se sont déployés autour de l'hôtel et des échanges de coups de feu se sont poursuivis tout l'après-midi.
VÉRIFICATIONS AU QUAI D'ORSAY
Le corps d'une victime, un homme blanc, était visible devant l'établissement, a dit un témoin, employé de l'aéroport voisin.
L'hôtel pourrait avoir hébergé des ressortissants français et sud-africains, a déclaré un représentant du gouvernement malien.
A Paris, interrogé sur la présence éventuelle de ressortissants français, le ministère des Affaires étrangères a dit ne pas être en mesure de confirmer cette information. "Des vérifications sont en cours", a ajouté le Quai d'Orsay.
Les preneurs d'otages seraient au nombre de cinq, a précisé le porte-parole de l'armée malienne ajoutant que sept personnes avaient été interpellées en lien avec cette affaire.
L'assaut de vendredi, à 600 km environ au nord-est de Bamako, la capitale, mais bien plus au sud des zones où opèrent traditionnellement les islamistes, démontre leur capacité et la menace qu'ils continuent de représenter plus de deux ans après l'intervention des soldats français de l'opération Serval et de soldats africains.
Le mois dernier, le groupe islamiste Ansar Dine, lié à Al Qaïda, a revendiqué une série d'attaques contre des casques bleus de l'Onu et des soldats maliens à Bamako et dans des secteurs proches des frontières avec la Côte d'Ivoire et la Mauritanie.
Le groupe djihadiste n'a pas pris part aux discussions qui ont abouti en juin à la conclusion d'un accord de paix et de réconciliation entre les principaux groupes rebelles touaregs et le gouvernement malien.
Lundi, dans le nord du pays, des islamistes présumés ont tué onze soldats maliens sur la base militaire de Gourma Rharous, près de Tombouctou.
(avec Souleymane Ag Anara et Tiemoko Diallo à Bamako et Grégory Blachier à Paris; Simon Carraud et Henri-Pierre André pour le service français)