PARIS (Reuters) - L'armée française a mené dans la nuit de jeudi à vendredi une nouvelle frappe contre un camp d'entraînement de l'Etat islamique (EI), à Rakka, "capitale" des combattants djihadistes en Syrie, a annoncé Jean-Yves Le Drian.
"La France a frappé Daech en Syrie cette nuit à Rakka", a dit le ministre de la Défense sur Europe 1. Partis d'Abou Dhabi, où la France dispose d'une base aérienne, deux avions de combat français Rafale "ont délivré des bombes sur ce camp d'entraînement et les objectifs ont été atteints".
"Il y en aura d'autres contre les lieux où Daech s'organise pour nous menacer", a-t-il ajouté. "Nous avons frappé parce que nous savons qu'il y a en Syrie, en particulier dans les environs de Rakka, des centres d'entraînement de combattants étrangers dont la mission n'est pas d'aller combattre pour Daech sur le Levant mais de venir en France, en Europe, pour mener des attentats".
L'opération française, qui a duré près de six heures, a détruit un centre d'entraînement dédié aux opérations suicides, a précisé l'armée dans un communiqué.
Il s'agit de la deuxième frappe de l'armée française en Syrie contre l'EI depuis celle menée le 27 septembre qui avait pris pour cible un camp d'entraînement de Daech situé dans la vallée de l'Euphrate, au sud de Deir-Ez-Zor.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), le premier raid français aurait fait au moins 30 morts, parmi lesquels figurent des membres des Lionceaux du califat, des adolescents de 14 à 18 ans, information que la France a refusé de commenter.
DIVERGENCE
Vendredi, Jean-Yves Le Drian a assuré que la France faisait tout pour éviter les victimes collatérales.
"Daech s'est organisé de telle sorte que des enfants, des femmes, des civils soient en première ligne et les responsables se cachent dans des écoles, dans des mosquées, dans des hôpitaux, ce qui rend l'action de la coalition en Irak et de la France et d'autres partenaires en Syrie difficile", a-t-il dit.
"Nous ne souhaitons pas faire de victimes collatérales, donc nous sommes très exigeants sur les cibles que nous avons l'intention de viser en étant en même temps très exigeants sur la nécessité de combattre Daech".
Engagée contre l'EI en Irak depuis un an dans le cadre de l'opération Chammal, la France dispose dans la région de douze avions de chasse - six Rafale et six Mirage - d'un avion de patrouille maritime Atlantique 2 et d'un avion ravitailleur C135.
L'arrivée de la frégate anti-aérienne Cassard fin septembre et de ses 200 membres d'équipage a temporairement porté le nombre de militaires français mobilisés dans le cadre de Chammal à 900.
Le conflit en Syrie a pris une tournure nouvelle avec l'entrée en jeu de la Russie qui multiplie depuis le 30 septembre les bombardements avec avions de combat et croiseurs de sa flottille en mer Caspienne.
Moscou est accusé de concentrer ses frappes sur les forces rebelles modérées hostiles au régime de Bachar al Assad et non sur les bases de l'Etat islamique.
"Nous avons une divergence stratégique (avec Moscou), ce n'est pas maintenant le moment de renforcer d'Assad, le moment est d'agir contre Daech qui est l'ennemi et la menace principale", a dit Jean-Yves Le Drian. Or, le déploiement militaire russe "ne vise pas Daech, il vise en priorité la sécurité de Bachar al Assad".
(Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)