TOKYO (Reuters) - Emmanuel Macron a déclaré jeudi que rien ne justifiait une baisse de la participation de l'Etat français au capital de Renault.
En déplacement au Japon avant le sommet du G20 vendredi et samedi, le président français a souhaité que l'alliance Renault-Nissan oeuvre à un renforcement de ses synergies.
Les relations entre les constructeurs français et japonais se sont tendues depuis l'arrestation en novembre au Japon de l'architecte et ancien président de l'alliance, Carlos Ghosn, soupçonné de malversations financières qu'il dément.
Emmanuel Macron a cependant jugé que la situation de Carlos Ghosn était un cas individuel qui ne devrait pas avoir de conséquences pour l'alliance Renault-Nissan.
"Rien dans cette situation ne justifie qu’on vienne changer les participations croisées, les règles de gouvernance et a fortiori la participation de l’Etat dans Renault qui n’a rien à voir avec Nissan", a dit le président à des journalistes.
Ces déclarations paraissent contradictoires avec celles faites il y a quelques semaines par son ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, selon lequel l'Etat pourrait réduire sa part dans Renault si cela permettait de renforcer l'alliance avec Nissan.
Emmanuel Macron a invité l'alliance à maintenir sa stabilité et à renforcer ses synergies, estimant que l'avenir passait par une intégration accrue afin que Renault-Nissan occupe une place de leader dans les véhicules électriques et les véhicules autonomes.
Le succès de l'alliance ne passera "pas par des sujets de bougées capitalistiques, c’est totalement hors sujet", a-t-il déclaré, jugeant qu'"il y a des gens qui essayent de faire de la politique à mauvais escient".
Malgré les appels fréquents de la partie française à un renforcement du partenariat, voire une fusion, entre Renault et Nissan, le constructeur japonais ne cache pas son mécontentement face à une situation qu'il juge déséquilibrée. Renault possède 43,4% de Nissan, qui en retour ne contrôle que 15% du groupe français, sans droits de vote de surcroît.
Cet équilibre, "c’est un résultat de l’histoire, on ne va pas le revisiter maintenant, c’est pas ça le sujet, c’est pas ça qui fera que Nissan se tiendra mieux", a estimé Emmanuel Macron.
Hiroto Saikawa, directeur général de Nissan, a déclaré mardi lors de l'assemblée générale des actionnaires que le groupe japonais donnait la priorité au redressement de ses performances financières, quitte à repousser les discussions sur l'avenir de l'alliance.
(Christopher Gallagher, avec Bertrand Boucey, Marc Angrand et Jean-Baptiste Vey à Paris)