BRUXELLES (Reuters) - La quasi-totalité des montants engagés depuis le lancement du plan d'investissement de 315 milliards d'euros de l'Union européenne a bénéficié aux 15 pays les plus riches du bloc, les 13 autres se partageant de maigres restes, conclut un rapport de la Banque européenne d'investissement (BEI) que Reuters a pu consulter.
L'Italie, l'Espagne et la Grande-Bretagne ont été les principaux bénéficiaires de ces financements de projets dans les infrastructures et l'innovation, précise-t-il.
Le dispositif, surnommé "plan Juncker", lancé mi-2015 vise à amorcer les projets d'investissements en couvrant leur partie la plus risquée grâce à 21 milliards d'euros d'argent public du Fonds européen pour les investissements stratégiques (FEIS), afin d'attirer les capitaux privés.
Fin juin, soit un an après son lancement, le programme avait généré 104,75 milliards d'euros d'investissement, soit un tiers du montant total prévu, précise le rapport d'évaluation de la BEI, qui participe au financement du plan.
"Si les tendances passées se maintiennent et si la stratégie du FEIS en matière de nouveaux produits et de nouvelles formes de coopération se concrétise comme prévu, on peut s'attendre à ce que l'objectif d'investissement final du FEIS soit atteint en terme d'autorisations, les signatures et les versements intervenant ultérieurement", estime la BEI.
Le rapport juge néanmoins inquiétante la répartition des projets entre les Etats membres de l'UE.
"Il est préoccupant que le portefeuille global du FEIS soit très concentré (à 92%) dans l'UE15 et sous-utilisé (à 8%) dans l'UE13", souligne-t-il. "C'est d'autant plus problématique que la plupart des régions les moins développées d'Europe se trouvent dans les pays d'Europe centrale et orientale de l'UE13."
Le rapport ajoute que le secteur de l'énergie a attiré à lui seul 46% de tous les financements engagés par le FEIS dans le cadre de son portefeuille d'infrastructures et d'innovation.
"Les secteurs éligibles au FEIS (...) pourraient devoir être élargis afin d'améliorer le champ d'action de la BEI aux pays de l'UE13", suggère le rapport.
(Jan Strupczewski, Marc Angrand pour le service français)