BERLIN, PARIS (Reuters) - La France et l'Allemagne ont conjugué leurs efforts pour lancer le projet Gaïa-X, dont le but est de créer un environnement dans le cloud qui permettra à l'Europe de réduire sa dépendance vis-à-vis des géants de la Silicon Valley comme Amazon (NASDAQ:AMZN), Microsoft (NASDAQ:MSFT) et Google (NASDAQ:GOOGL).
Ce projet doit permettre de créer des normes communes pour archiver et traiter localement des données et de proposer une solution conforme aux règles européennes, très strictes en matière de protection des données.
S'exprimant de Berlin, le ministre allemand de l'Economie, Peter Altmaier, a estimé que Gaia-X permettrait de bâtir une souveraineté technologique européenne en la matière et a invité d'autres pays et d'autres entreprises à rejoindre le projet.
"Nous ne sommes pas la Chine, nous ne sommes pas les États-Unis, nous sommes des pays européens avec nos propres valeurs et avec nos propres intérêts économiques que nous voulons défendre", a déclaré son homologue français Bruno Le Maire à Paris lors d'une conférence de presse conjointe.
Cette initiative intervient alors que la France et l'Allemagne intensifient leur coopération économique pour lutter contre les effets de la crise liée à la pandémie de coronavirus.
Les deux pays ont vigoureusement soutenu le plan de relance européen, Berlin venant également d'annoncer son propre plan au niveau national.
Lors d'une première étape, 22 entreprises françaises et allemandes créeront une organisation à but non lucratif pour gérer Gaïa-X, qui ne vise pas réellement à concurrencer les géants du cloud américains, mais plutôt à harmoniser les normes européennes.
Les premières applications concrètes de ce projet sont attendues 2021.
Ce sera toutefois beaucoup trop tard, estime le cabinet Gartner, qui prévoit cette année une croissance de 17% du marché du cloud public à 228 milliards de dollars.
"Les grands fournisseurs de cloud se sont déjà mobilisés activement pour capter ce marché", observe Rene Buest, l'analyste de Gartner.
(Nadine Schimroszik et Mathieu Rosemain, version française Flora Gomez, édité par Jean-Michel Bélot)