Le groupe nucléaire français Areva a signé samedi à Oulan Bator un accord de partenariat stratégique avec le mongol Mon-Atom et le japonais Mitsubishi Corporation pour l'exploitation de deux gisements d'uranium dans le sud-est de la Mongolie, a constaté l'AFP.
Les deux gisements sont situés dans le désert de Gobi, a-t-on précisé de source diplomatique française, ajoutant qu'il s'agissait d'un partenariat à égalité, un tiers pour chaque partie.
L'accord a été signé par les PDG des trois groupes d'énergie nucléaire, en présence des ministres français et mongol des Affaires étrangères, Laurent Fabius et Luvsanvandan Bold.
Pour développer ses activités minières en Mongolie, Areva a annoncé dans un communiqué la création d'une co-entreprise baptisée Areva Mines LLC, détenue à 66% par Areva et à 34% par la société publique nucléaire mongole Mon-Atom.
Cette coopération tripartite "va permettre de développer le secteur de l’uranium en Mongolie et de poursuivre la diversification géographique des activités minières d’Areva", a affirmé son PDG Luc Oursel, cité dans le communiqué.
M. Oursel, dont le groupe est présent en Mongolie depuis 1997, faisait partie d'une délégation d'hommes d'affaires français accompagnant M. Fabius, en visite depuis vendredi en Mongolie.
M. Bold a souligné que la nouvelle coopération qui s'engage dans le domaine nucléaire est un "pas important" et s'est dit "certain que le principe de sécurité et de respect de la nation mongole sera respecté".
Des groupes antinucléaires mongols avaient critiqué la veille la perspective de cet accord, estimant que l'exploitation des réserves d'uranium du pays pourrait représenter un danger de contamination du sous-sol et des ressources en eaux.
"Nous ne sommes pas contre la coopération avec la France (...) Nous disons simplement non au développement (des gisements) d'uranium en Mongolie, puisque c'est le meilleur moyen d'éviter toute pollution et contamination radioactives", a indiqué à l'AFP Selenge Lkhagvajav, une activiste à la tête d'un mouvement antinucléaire.
Les organisations environnementales mongoles s'étaient déjà inquiétées de l'impact pour les populations et élevages environnants de deux projets pilotes d'exploration entamés par Areva dans le pays il y a près de trois ans.
M. Fabius a souligné à ce sujet que les partenaires du projet, dont Areva, devraient prendre en compte ces inquiétudes.
"Il faut que dans la gestion de ce dossier, dans le futur, la société Areva avec son associé japonais et son associé mongol montrent que leur façon d'exploiter l'uranium est conforme aux attentes de nos amis mongols", a déclaré le ministre français à l'issue de sa visite de en Mongolie.
"Tous mes interlocuteurs me l'ont dit et je l'ai dit moi-même aux responsables d'Areva, parce qu'il faut que les populations locales soient associées positivement à un tel projet", a-t-il ajouté lors d'un point de presse.
"Areva, qui est une grande société, doit être très attentive aux conditions locales d'exploitation. Je l'ai dit à son président", a insisté M. Fabius.
Le ministre mongol a par ailleurs affirmé que la Mongolie tenait à développer "une coopération dynamique de troisième voisin" avec la France.
Enclavé entre la Russie et La Chine, ce pays de trois millions d'habitants, dont le sous-sol est riche en minerais (uranium, cuivre or, charbon), cherche à diversifier ses relations politiques et économiques avec d'autres pays que ses deux puissants voisins géographiques, notamment en direction de la France, du Japon et de l'Allemagne.
M. Fabius a souhaité "un grand succès" à cette coopération entre les trois partenaires du secteur nucléaire.
"La France veut avoir un partenariat exemplaire avec cette belle démocratie qu'est la Mongolie", a-t-il déclaré. Les deux ministres des Affaires étrangères avaient auparavant signé en présence de la presse plusieurs accords de coopération dans les domaines agricole, de la culture, des sports et du tourisme, ainsi qu'en matière notariale et de visas.