L'ex-numéro deux de Renault Carlos Tavares, évincé en août dernier pour avoir évoqué publiquement son ambition de prendre la tête d'un groupe automobile, rejoint PSA Peugeot Citroën pour succéder, courant 2014, à l'actuel président du directoire Philippe Varin.
"Le conseil de surveillance a choisi Carlos Tavares pour succéder à l'actuel président du directoire. Dans ce but, Carlos Tavares siègera au directoire à compter du 1er janvier 2014 jusqu'à sa nomination à la présidence du directoire, dans le courant de l'année 2014", indique lundi le constructeur dans un communiqué.
Philippe Varin, 61 ans, avait été appelé en juin 2009 à la présidence du directoire de PSA Peugeot Citroën, puis renouvelé dans son mandat.
Le constructeur précise que "pendant cette période, Philippe Varin poursuivra sa mission de président du directoire et aura notamment la responsabilité de mener à bien les discussions stratégiques entamées avec les partenaires. Carlos Tavares prendra connaissance de l'entreprise et de ses défis, il travaillera avec le directoire sur les plans d'actions destinés à poursuivre le redressement de l'entreprise".
Cité dans ce communiqué, le président du conseil de surveillance de PSA Thierry Peugeot indique qu'"en choisissant Carlos Tavares, professionnel réputé de l'automobile, pour succéder à Philippe Varin en 2014, le conseil de surveillance s’assure que la stratégie de redressement et de développement menée depuis plusieurs années pour surmonter la crise sera poursuivie et exécutée dans la continuité".
Philippe Varin a évoqué à propos de cette nomination une "transition dans la continuité" et souhaité que "la stratégie du groupe puisse être poursuivie", lors de l'inauguration d'une boutique consacrée à la Citroën DS à Paris.
Les partenaires sociaux ont reçu lundi dans la matinée une invitation pour un comité de liaison, qui s'est tenu en fin de journée.
Contexte économique difficile pour PSA
La CGT, dans un communiqué, a jugé "vraisemblable que le choix de la famille Peugeot se soit porté sur M. Tavares, en partie parce que c'est cette même politique qu'il a menée chez Renault au détriment de l'emploi et des acquis sociaux".
Le cours de Bourse de PSA a été soutenu lundi par les informations de presse sur cette possible arrivée, ainsi que par l'accord international sur l'Iran qui devrait bénéficier au secteur automobile. L'action du groupe a fini la séance sur un bond de 5,08% à 10,75 euros, tandis que l'indice CAC 40 gagnait 0,55%.
"Varin paraît un peu trop lié à la famille Peugeot. Tavares a un profil plus indépendant et pourrait apporter une vision plus neuve, ce qui est plutôt bien perçu par le marché", a expliqué un vendeur d'actions parisien.
L'ex-numéro deux de Renault, Carlos Tavares, avait été brutalement évincé de ses fonctions en août dernier pour avoir évoqué un avenir en dehors du groupe.
Son arrivée intervient dans un contexte économique difficile pour PSA, dont le chiffre d'affaires a baissé de 3,8% sur les neuf premiers mois de l'année 2013. PSA continue de subir la mauvaise santé du marché européen, où il réalise plus de la moitié de ses ventes : en octobre, elles y ont baissé de 0,9%.
Le groupe a lancé en 2012 un vaste plan de restructuration de ses activités en France, et pour rétablir la rentabilité de son activité en Europe, pourrait mettre en sommeil une partie des capacités de production de ses usines de Mulhouse (Haut-Rhin) et Poissy (Yvelines).
Le Parisien, dans son édition de dimanche, a par ailleurs affirmé que PSA s'était résolu à remplacer M. Varin "pour plaire à son partenaire chinois Dongfeng". Une explication démentie par la direction de PSA.
Le constructeur français poursuit ses discussions avec Dongfeng en vue d'une entrée de ce dernier à son capital. Une telle alliance faciliterait le développement du Français qui cherche à se renforcer à l'international, notamment en Chine, en Amérique latine et en Russie.
PSA et Dongfeng possèdent déjà une coentreprise, DPCA, qui exploite trois usines à Wuhan (centre-est de la Chine). Le directeur général de Dongfeng, Zhu Fushou, avait fait savoir fin octobre que le groupe s'interrogeait toujours sur "la rationalité" d'une prise de participation dans le numéro un français de l'automobile.
"PSA Peugeot Citroën confirme étudier des nouveaux projets de développement industriel et commercial avec différents partenaires, ainsi que les modalités de financement qui les accompagneraient. Aucun de ces projets n’est arrivé à maturité à ce stade", avait commenté le groupe.