par Tetsushi Kajimoto et Stanley White
TOKYO (Reuters) - L'inflation au Japon a ralenti en octobre pour le troisième mois consécutif, en raison de la baisse des prix du pétrole, soulignant la morosité de la conjoncture à quinze jours des élections convoquées par le Premier ministre, Shinzo Abe, pour valider sa politique économique.
La production industrielle a en revanche enregistré le mois dernier une hausse inattendue, ce qui pourrait s'expliquer par une réduction par les entreprises des stocks de biens invendus qui se sont accumulés après la hausse de la TVA en avril dernier, qui a déclenché une récession.
Shinzo Abe, qui remet son mandat en jeu le 14 décembre, pourra trouver un certain réconfort dans cette statistique même si les analystes continuent à douter de l'efficacité de sa politique de relance et de lutte contre la déflation.
En décembre 2012, retrouvant la tête du gouvernement japonais, Shinzo Abe s'était engagé à redynamiser l'économie avec un mélange de politique monétaire ultra-accommodante, de mesures de relance budgétaire et de réformes structurelles, les "trois flèches" des "Abenomics", sa politique économique.
Ces mesures avaient eu un effet immédiat avec un PIB en hausse de 4% en rythme annualisé sur les six premiers mois de 2013 et une Bourse de Tokyo qui a bondi de 56,7% l'an dernier.
Mais depuis, en raison notamment de la hausse de la TVA intervenue le 1er avril, l'élan amorcé par la politique du gouvernement s'est essoufflé, conduisant fin octobre la Banque du Japon à augmenter encore son programme massif de rachats d'actifs tandis que l'économie basculait dans la récession.
"L'inflation pourrait continuer à ralentir car les cours du brut sont à la baisse", déclare Hidenobu Tokuda, économiste à l'institut de recherche Mizuho. "Les autres statistiques montrent que l'économie se redresse, mais ce n'est pas vraiment à cause de la politique d'Abe".
BAISSE DU TAUX DE CHÔMAGE
L'indice "core" des prix à la consommation, qui exclut des éléments volatils comme les prix alimentaires mais intègre les cours du pétrole, a augmenté en octobre de 2,9% sur un an. Cela correspond à l'estimation médiane des économistes et représente un ralentissement par rapport au mois de septembre (+3,0% en rythme annuel).
En excluant l'impact du relèvement de la TVA, la hausse des prix est estimée à +0,9%, presque à mi-chemin de l'objectif d'une inflation de 2% que la Banque du Japon s'est fixé pour le courant de l'année prochaine, objectif que les investisseurs jugent impossible à atteindre.
La banque centrale parie que l'inflation va s'accélérer à partir de la prochaine année fiscale, qui débute en avril 2015, grâce à l'amélioration du marché du travail, qui entraînera une hausse de la consommation.
Certains analystes pensent aussi que la dépréciation du yen, provoquée par l'expansion du programme de rachat d'actifs de la BoJ, va favoriser la hausse des prix, mais avec un décalage de plusieurs mois.
Le taux de chômage a baissé en octobre à 3,5%, contre 3,6% en septembre et le ratio entre les offres et demandes d'emploi a augmenté à 1,10, des niveaux jamais vus depuis 22 ans.
Les dépenses des ménages ont diminué de 4,0% sur un an le mois dernier, pour le septième mois consécutif. La baisse est toutefois moins marquée qu'en septembre (-5,6% sur un an).
La production industrielle a augmenté de 0,2% en rythme annuel et les fabricants interrogés par le ministère du Commerce tablent sur une hausse de 2,3% en novembre et de 0,4% en décembre.
Les ventes au détail ont progressé également en octobre de 1,4% sur un an, soit davantage qu'attendu par les économistes, qui tablaient sur une hausse de 1,2%.
(Jean-Stéphane Brosse pour le service français)