SYDNEY (Reuters) - Manuel Valls a annoncé vendredi un prêt pouvant aller jusqu'à 200 millions d'euros pour venir en aide à la Société Le Nickel (SLN), premier employeur de Nouvelle-Calédonie en grande difficulté.
L'enveloppe sera mise à la disposition des autorités du territoire, qui la répercuteront sur cette filiale du groupe français Eramet frappée par la chute des cours mondiaux du nickel, a précisé le Premier ministre français, lors d'une déplacement en Nouvelle-Calédonie.
"Cette intervention, dont les modalités sont en cours de discussion avec tous les actionnaires, pourrait aller jusqu'à 200 millions d'euros", a-t-il déclaré à l'issue d'une visite de l'usine SLN de Doniambo.
"Il revient maintenant à la STCPI (qui regroupe les provinces calédoniennes, actionnaires de SLN, NDLR) de se prononcer, avant le prochain conseil d'administration d'Eramet, sur cette proposition", a-t-il ajouté.
Manuel Valls a justifié cet "effort très important dans le contexte budgétaire actuel" par les difficultés rencontrées par la SLN, détenue à 56 % par Eramet et indirectement à 14% par l'Etat.
"La situation est grave. Le secteur du nickel est, plus que jamais, fragile. La SLN endure une crise sans précédent", a-t-il dit.
Les cours du nickel ont été divisés par deux en deux ans, dans un mouvement global de recul des matières premières industrielles, lié notamment au ralentissement de l'économie chinoise.
NOUVELLE CENTRALE ÉLECTRIQUE
Manuel Valls a prévenu que la crise du nickel n'était pas terminée et souligné que l'entreprise devait "continuer à améliorer sa compétitivité", tout en promettant que l'Etat veillerait "soient compatibles avec le maintien de la cohésion sociale au sein et autour de la SLN".
Compte tenu du poids de la SLN dans l'économie néo-calédonienne - 2.200 salariés et 8.000 emplois indirects -, toute remise en cause de son activité provoquerait une crise sociale dans l'archipel, dont les sous-sols recèlent environ un quart des réserves mondiales de ce métal.
Le Premier ministre a assuré que le gouvernement soutiendrait les démarches pour la construction d'une nouvelle centrale électrique pour la SLN et que l'Etat apporterait une garantie sur le financement bancaire du projet.
La centrale actuelle, jugée obsolète et qui plombe la rentabilité de l'usine de la SLN, "doit impérativement être remplacée à l'horizon 2020", a-t-il dit.
Devant les forces politiques calédoniennes, le Premier ministre a exhorté tous les acteurs à la responsabilité pour préparer le référendum sur l'autonomie prévu au plus tard en novembre 2018.
"Novembre 2018, c'est déjà demain", a dit le chef du gouvernement, invitant toutes les forces politiques à ne pas laisser l'approche des élections présidentielle et législatives de 2017 polluer le débat, et promettant de réunir un comité des signataires de l'accord de Nouméa avant la fin de l'année.
(Cécile Lefort, avec Simon Carraud et Jean-Baptiste Vey à Paris, édité par Yves Clarisse)