Après des années de vaches maigres, une reprise, pour l'heure très modérée, est à l'oeuvre dans l'immobilier neuf, où le net rebond des ventes entamé début 2015 commence à se traduire en mises en chantier de logements.
Selon le ministère du Logement, les mises en chantier de logements neufs ont encore affiché en France un repli de 3,8% à 75.400 de juin à août, par rapport aux mêmes mois de 2014.
Toutefois, elles ont amorcé une légère reprise par rapport aux trois mois précédents, en progressant de 0,7%, pour la première fois depuis juillet 2013.
De leur côté les permis de construire accordés pour des logements neufs, qui augurent de l'activité des mises en chantier à venir, ont progressé de 2,3% à 99.400 sur les trois mois écoulés, en glissement annuel.
Et comparé aux trois mois précédents (de mars à mai), leur rebond est même de 8,7%.
"C'est une bonne nouvelle, relativement logique", commente Olivier Eluère, économiste de Crédit Agricole (PARIS:CAGR) SA, auprès de l'AFP. "Le mouvement, assez net, de reprise des ventes de logements neufs depuis le début de l'année, finit par se répercuter sur la construction", observe-t-il.
"Nous savions qu'une reprise allait se mettre en place, mais elle reste pour l'instant très modérée, et son rythme est difficile à estimer", tempère toutefois l'économiste.
Favorisé par le dispositif fiscal "Pinel" (ex-Duflot), le retour des investisseurs, bien plus marqué que celui des accédants à la propriété, a fait bondir les ventes des promoteurs de 19% au premier semestre sur un an, selon les chiffres de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI).
De leur côté les ventes de maisons individuelles, un segment très éprouvé par des années de crise, ont progressé de 6% sur les 12 derniers mois, comparé aux 12 mois antérieurs, a annoncé mi-septembre l'Union des maisons françaises (UMF).
"Entre le moment où une vente est signée et celui où la construction se concrétise, il s'écoule entre 6 mois et un an. Il y a donc un frémissement de la construction, et la reprise devrait être plus nette au dernier trimestre 2015, puis début 2016", estime M. Eluère.
- Davantage de chantiers début 2016 -
De son côté Alexandra François-Cuxac, qui préside la FPI, voit dans les chiffres publiés vendredi "une bonne nouvelle, mais une tendance assez subtile". "Le sentiment des promoteurs, c'est qu'on va pouvoir, grâce à l'embellie des ventes, démarrer plus de chantiers au début de l'année prochaine", ajoute-t-elle.
Sur la période de douze mois achevée fin août, les mises en chantier demeurent malgré tout dans le rouge, en recul de 4,1% à 345.100. "Mais cette baisse est de moins en moins forte", note M. Eluère.
"Les volumes des mises en chantier restent historiquement faibles. Sur les dix dernières années, ce niveau annuel est le troisième le plus bas", relativise pour sa part Mme François-Cuxac.
Quant aux permis de construire, ils affichent toujours une baisse de 6% sur les 12 mois écoulés, de septembre 2014 à août 2015.
"Il reste encore beaucoup d'éléments mitigés sur le marché immobilier neuf, notamment le niveau du taux de chômage, des prix de vente qui restent élevés et le poids des normes", analyse M. Eluère.
Il juge en particulier "plus fragile" la reprise du segment des maisons individuelles, dont les primo-accédants sont le moteur, car "plus liée au niveau des prix, des revenus et du chômage", que les ventes aux investisseurs.
Selon lui "il faudra observer l'évolution des taux de crédit immobiliers, et voir comment les acheteurs prennent en compte leur éventuelle remontée. Peut-être l'impact sera-t-il très modéré, tant que les taux restent très bas", avance-t-il.
Les taux d'intérêt des crédits immobiliers accordés aux particuliers par les banques sont remontés en août, à 2,17% en moyenne contre 2,06% en juillet, mais ils évoluent encore à des niveaux historiquement bas.