PARIS (Reuters) - Des résultats en demi-teinte de sociétés telles que Siemens, Philips et Ericsson et l'inconfort créé par l'issue des élections grecques de dimanche ont stoppé mardi l'élan des Bourses européennes, qui ressortaient de huit séances d'affilée dans le vert.
Les investisseurs craignent que le nouveau gouvernement grec ne rentre en conflit avec l'Union européenne sur les modalités de l'aide à apporter encore à Athènes. De fait, le nouveau Premier ministre Alexis Tsipras, dont le parti de gauche Syriza a remporté comme prévu les législatives de dimanche, a dévoilé mardi un gouvernement composé essentiellement d'adversaires de longue date des mesures d'austérité imposées à la Grèce par ses créanciers internationaux.
À Paris, le CAC 40 a terminé en baisse de 50,92 points, soit 1,09%, à 4.624,21 points. Le Footsie britannique a lâché 0,6% et le Dax allemand 1,57%, tandis que l'indice EuroStoxx 50 a abandonné 1,22% et le FTSEurofirst 300 0,82%.
La Bourse d'Athènes a sous-performé pour la deuxième journée d'affilée, rétrogradant encore de 3,7% après son recul de 3,2% lundi. L'indice des bancaires grecques a chuté lui aussi pour la deuxième séance consécutive, cédant 11,7% après avoir inscrit de nouveaux plus bas records en séance.
Plusieurs banques grecques accusent les pertes les plus sensibles au sein des indices FTSEurofirst 300 et Stoxx 600, pertes variant de 13% à plus de 10%.
A l'inverse, la Bourse suisse s'est distinguée par un gain de 1,28%, portée par une baisse du franc qui, de l'avis des cambistes, est entretenue par des interventions de la Banque nationale suisse (BNS).
Tous les indices sectoriels européens ont fini dans le rouge, à l'exception de celui des sociétés de services aux collectivités qui a engrangé un gain minime de 0,03%. Pour les autres, les pertes varient de 0,90% à 2,32%, les valeurs cycliques en particulier souffrant des nouvelles incertitudes nées des élections grecques et des contre-performances économiques de groupes tels que Siemens.
Confrontés à ce contexte chahuté, les investisseurs divergent quant à leur appréciation de l'évolution des places européennes. Gary Paulin (Aviate Global) est d'avis de continuer à acheter, ne serait-ce que par le soutien apporté par la Banque centrale européenne (BCE) avec son programme d'assouplissement quantitatif (QE) annoncé jeudi dernier.
Au contraire, Ion-Marc Valahu (Clarinvest) affirme "profiter des rallies pour réduire l'exposition aux actions".
Aux valeurs, Philips, avec une perte de près de 6%, a accusé le plus fort recul de l'indice EuroStoxx 50. Le groupe néerlandais a publié un bénéfice trimestriel conforme aux attentes mais s'attend à une hausse de ses charges de restructuration cette année et à manquer ses objectifs pour l'année 2016.
Siemens lui a annoncé des résultats trimestriels inférieurs aux attentes, une déception qui accroît la pression sur le président du directoire, Joe Kaeser, avant l'assemblée générale prévue dans la journée.
Son action a cédé 3%, quatrième plus forte baisse de l'EuroStoxx 50.
Ericsson a perdu de son côté 3,55% après avoir déclaré s'attendre à voir persister le ralentissement de ses activités en Amérique du Nord.
Sur le marché des changes, l'euro poursuit sa reprise contre le dollar, certains indicateurs américains du jour -notamment les commandes de biens durables- amenant les cambistes à penser que la Réserve fédérale pourrait repousser à plus tard qu'on ne le pense une remontée des taux d'intérêt.
Celle-ci tient une réunion de deux jours et rendra sa décision de politique monétaire mercredi.
La statistique des commandes de biens durables prend toute son importance dans la perspective de la publication vendredi de la première estimation de la croissance du quatrième trimestre aux Etats-Unis, événement qui pousse les cambistes à la prudence et à alléger leurs positions longues et copieusement garnies ces derniers temps sur le billet vert.
Ce recul du dollar profite comme de juste aux matières premières comme le pétrole et, plus modérément, à l'or.
Le marché obligataire dans l'ensemble reste modérément affecté par la situation grecque, en témoignent les très faibles écarts des rendements ce mardi. Les rendements périphériques sont légèrement en hausse mais les emprunts eux-mêmes restent soutenus par la perspective du QE de la BCE.
Comme sur le marché des changes, c'est surtout sur l'issue de la réunion de la Fed mercredi que l'attention se porte à présent.
(Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Véronique Tison)