par Humeyra Pamuk et Murad Sezer
ISTANBUL (Reuters) - Deux bombes ont explosé à une minute d'intervalle devant un stade du centre d'Istanbul samedi, tuant 29 personnes, pour la plupart des policiers, et en blessant 166 autres, ont annoncé les autorités.
Une voiture piégée a d'abord explosé vers 22h30 devant le stade Vodafone (LON:VOD) Arena du club de Besiktas, où une rencontre entre l'équipe stambouliote et celle de Bursaspor s'était achevée deux heures plus tôt.
Moins d'une minute plus tard, un kamikaze présumé s'est fait exploser alors qu'il était entouré de policiers dans le parc Macka à proximité du stade, a déclaré le vice-Premier ministre, Numan Kurtulmus, lors d'une conférence de presse.
Les explosions avaient pour but de causer un grand nombre de victimes, a dit le président turc Recep Tayyip avant d'ajouter : "Malheureusement il y a des martyrs et des blessés."
"Personne ne doit douter qu'avec la volonté de Dieu, nous surmonterons la terreur, les organisations terroristes (...) et les forces derrière elles en tant que pays et nation", a-t-il poursuivi.
Omer Yilmiz, un agent d'entretien de la mosquée Dolmabahce qui prenait le thé dans un café, dit avoir vu des flammes monter haut dans le ciel. "Les gens ont plongé sous les tables, des femmes se sont mises à pleurer, des supporters de foot se sont mis à l'abri. C'était horrible", a-t-il raconté.
La police a bouclé le quartier, situé dans le centre de la ville en bordure du Bosphore. On pouvait voir sur place la carcasse calcinée d'une voiture, aspergée par un canon à eau et deux incendies dans une rue longeant le stade.
La responsabilité des attentats n'a pas été revendiquée dans l'immédiat.
Le 5 décembre, un porte-parole du groupe Etat islamique avait appelé à de nouvelles attaques ciblant plus particulièrement la Turquie. Le pays est engagé en Syrie contre les djihadistes depuis août.
DE NOMBREUX POLICIERS PARMI LES MORTS ET LES BLESSÉS
Le ministre de l'Intérieur, Suleyman Soylu, a précisé que la première explosion avait eu lieu à un point de rassemblement des policiers anti-émeutes qui encadraient l'événement sportif. Un kamikaze s'est ensuite fait exploser entouré de policiers.
Deux des tués étaient des civils. Les 27 autres étaient des policiers, dont deux cadres, a précisé le ministre. Parmi les blessés, dix-sept personnes sont en ce moment au bloc opératoire, six sont en soins intensifs.
Dix personnes ont été placées en garde à vue sur la base d'indices retrouvés dans le véhicule carbonisé. Le gouvernement n'a pas indiqué leur identité, ni leur éventuelle appartenance à une organisation plus large.
L'équipe de Bursaspor a annoncé qu'aucun de ses supporters ne semblait avoir été blessé, la plupart d'entre eux avait déjà quitté les lieux. Les deux équipes ont condamné l'attaque.
La Turquie a été frappée par de nombreux attentats ces dernières années, certains très meurtriers comme celui commis par deux kamikazes qui a fait 45 morts le 28 juin dernier à l'aéroport international d'Istanbul.
Certaines attaques ont été revendiquées par l'organisation Etat islamique, d'autres par des séparatistes kurdes ou des organisations militantes d'extrême gauche.
Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a condamné des "actes de terreur horribles".
"Le président de la République dénonce avec force les attentats terroristes qui ont été commis à Istanbul causant de nombreuses victimes", a annoncé l'Elysée dans un communiqué, assurant la Turquie du "plein soutien" de la France.
(Avec la rédaction d'Istanbul, Gilles Trequesser et Julie Carriat pour le service français)