Le Parlement grec doit se prononcer dimanche sur une réforme controversée des retraites, réclamée par les créanciers UE et FMI, sur fond des manifestations et à la veille d'une réunion de l'Eurogroupe sur la Grèce.
Les syndicats ont prévu des manifestations en fin de matinée pour célébrer le 1er mai, qui n'avait pas été fêté en Grèce dimanche dernier en raison de la Pâque orthodoxe.
A l'appel du syndicat public Adedy, un rassemblement aura également lieu devant le Parlement quelques heures avant le vote prévu sur la réforme des retraites, qualifiée de "pillage" par les syndicats.
"Cette réforme aurait dû être faite depuis des décennies" en raison d'importants déficits de caisses de retraites s'élevant "à 2 milliards d'euros", a répondu le ministre de l'Emploi Georges Katrougalos, artisan de cette réforme.
Le projet de loi refondant le système des retraites et augmentant impôts et taxes, qui était exigé par les créanciers du pays --l'UE et le FMI-- en échange du nouveau plan d'aide signé en juillet, est débattu au Parlement depuis samedi matin et sera soumis au vote dimanche soir.
En l'organisant durant le week-end, en pleine fin de vacances pascales, le gouvernement de gauche d'Alexis Tsipras, qui ne dispose que d'une faible majorité parlementaire avec 153 députés sur 300, espère que l'adoption de cette réforme avant la réunion de l'Eurogroupe contribuera à décider ses pairs à conclure la première évaluation de la mise en œuvre du plan d'aide, et à ouvrir enfin le débat sur l'épineuse question du règlement de la dette.
Devant ses députés, M. Tsipras a encore une fois défendu vendredi les impopulaires mesures prévues, arguant qu'elles épargneraient les plus défavorisés, au nom de la "justice sociale". Il a réaffirmé que réformer les retraites était indispensable pour empêcher "le système de s'effondrer dans quelques années".
Mais les syndicats se sont insurgés contre le texte qui prévoit la réduction des retraites les plus élevées, la fusion des multiples caisses d'assurance, l'augmentation des cotisations, des taxes, et de l'imposition pour les moyens et hauts revenus, et ont appelé à une grève de 48 heures.
Pour cette quatrième grève générale depuis l'arrivée de M. Tsipras en janvier 2015, lancée à l'appel des centrales du privé GSEE et du public Adedy, aucun transport en commun n'a fonctionné vendredi et samedi.
Les taxis, dont le syndicat ne suivait pas cette mobilisation, sont restés le seul moyen de transport dans la capitale.
Aucun train n'a circulé à travers le pays et les bateaux reliant la Grèce continentale aux îles sont restés au port.
Le trafic aérien a cependant été normal.
- 'Rendre la dette soutenable' -
Si la grève et les mots d'ordre de manifestation ont été bien suivis vendredi et samedi, pour Panayiotis Petrakis, professeur de l'Economie à l'université d'Athènes, cela ne menace pas l'adoption de la loi. "La réforme sera adoptée et c'est un bon choix d'obtenir ce vote avant l'Eurogroupe", a-t-il estimé auprès de l'AFP.
Mais "la distance entre Athènes et ses créanciers, qui exigent des mesures supplémentaires de 3,6 milliards d'euros, reste importante", a-t-il averti.
La Grèce a "pratiquement atteint" ses objectifs de réformes voulues par ses créanciers et l'Eurogroupe va mener des "premières discussions" sur un aménagement possible de la dette du pays, a estimé le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker dans une interview à paraître dimanche dans les journaux allemands du Funke Mediengruppe.
Lors de cette réunion de l'Eurogroupe lundi à Bruxelles, les ministres "vont également mener des premières discussions sur la manière dont on peut rendre la dette de la Grèce soutenable à long terme", a assuré M. Juncker.
Il a toutefois rappelé qu'une réduction pure et simple de la dette n'est pas à l'ordre du jour.
Les déclarations de M. Juncker vont ainsi dans le sens de celles du ministre grec des Finances Euclide Tsakalotos. Celui-ci a appelé samedi ses pairs de la zone euro à approuver les réformes effectuées par son pays, et à abandonner les 3,6 milliards d'euros de mesures additionnelles réclamées par les créanciers pour valider leur évaluation.
La directrice du FMI Christine Lagarde a également réclamé dans une lettre aux ministres de l'Eurogroupe, révélée vendredi par le Financial Times et dont l'AFP a obtenu copie, d'ouvrir la discussion sur la dette.