par Lisandra Paraguassu et Gabriel Stargardter
BRASILIA (Reuters) - Les marchés financiers brésiliens, qui avaient bien accueilli la réélection de Luiz Inacio Lula da Silva à la tête du pays il y a dix jours, ont piqué du nez jeudi après les déclarations du président élu sur la politique budgétaire.
Le réal et l'indice Bovespa de la Bourse de Rio de Janeiro, qui avaient gagné du terrain la semaine dernière, perdaient plus de 3% en fin de journée.
Dans un discours prononcé devant des parlementaires, Lula a déclaré vouloir donner la priorité aux dépenses de protection sociale en expliquant que de nombreuses dépenses devaient être considérées comme des investissements.
Il a promis de la discipline en matière budgétaire mais a aussi remis en cause le principe de plafonnement des dépenses publiques inscrit dans la constitution brésilienne.
"Pourquoi les gens parlent-ils du plafond de dépenses mais pas des questions sociales ?", s'est-il interrogé. "Pourquoi avons nous un objectif d'inflation mais pas un objectif de croissance ?"
Ces déclarations ont pris à contre-pied les investisseurs qui espéraient un retour à la discipline budgétaire après l'augmentation des dépenses pilotée par le président sortant, Jair Bolsonaro, pendant la pandémie de COVID-19 et la campagne électorale.
Interrogé après son discours sur la réaction des marchés, Lula s'est efforcé d'apaiser les inquiétudes.
"Le marché devient nerveux pour rien", a-t-il dit. "Je n'ai jamais vu un marché aussi sensible que le nôtre. Ce qui est amusant, c'est que le marché n'a pas été nerveux pendant les quatre ans de Bolsonaro."
La baisse de la Bourse de Rio s'est amplifiée après l'annonce de la nomination de quatre économistes proches du Parti des travailleurs (PT), dont l'ex-ministre des Finances Guido Mantega, au sein de l'équipe de transition de Lula pour gérer les questions budgétaires.
Lula n'a pas encore désigné son ministre des Finances, expliquant qu'il se consacrerait à la formation du gouvernement après son retour de la COP27, la conférence des Nations unies sur le climat en cours en Egypte.
(Reportage Lisandra Paraguassu à Brasilia, Gabriel Stargardter à Rio de Janeiro et Luana Maria Benedito à Sao Paulo, version française Marc Angrand)