La compagnie aérienne à bas coût EasyJet (LON:EZJ) a, comme prévu, souffert des effets de change liés au Brexit au cours de son exercice 2015-2016 et s'attend à ce qu'ils plombent encore ses comptes l'an prochain.
EasyJet, devenue une des principales compagnies aériennes européennes, a dévoilé mardi une chute de 28% de son bénéfice avant impôt, à 495 millions de livres (574 millions d'euros), sur son exercice comptable du 1er octobre 2015 au 30 septembre 2016.
Le groupe fait face à un environnement difficile marqué par les attentats terroristes et la baisse de la devise britannique.
Les variations des taux de change ont eu un effet négatif de 88 millions de livres sur l'année, précise le groupe dans un communiqué, alors que la chute de la devise britannique depuis le référendum de fin juin rogne sa rentabilité.
Le groupe, qui n'a pas communiqué d'objectifs de résultats chiffrés pour l'an prochain, s'attend à ce que l'évolution des taux de change lui coûtent encore 90 millions de livres pour l'année 2016-2017.
La baisse de la devise britannique pourrait décourager les touristes britanniques qui voient leur pouvoir d'achat s'effriter à l'étranger, mais elle a pour l'heure surtout un impact comptable compte tenu du fait que les coûts de la compagnie sont en partie en devises étrangères, comme l'euro et le dollar.
- Attentats et effet de change -
EasyJet chiffre plus généralement à 150 millions de livres l'impact total des attaques terroristes (Paris, Egypte, Bruxelles, Nice et Turquie) et des conséquences immédiates du résultats du référendum au cours duquel les Britanniques ont décidé de quitter l'Union européenne.
La directrice générale, Carolyn McCall, a estimé qu'EasyJet "a résisté en 2016 face à des défis significatifs, dont une série d'événements externes et les vents contraires liés aux taux de change".
Malgré les risques associés au Brexit, elle a ajouté que "près de la moitié de notre croissance l'année prochaine sera au Royaume-Uni, avec une croissance significative également en Suisse, France et Italie".
Le groupe a également indiqué vouloir revoir son organisation, en la rendant plus simple et efficace afin de faire des économies, sans plus de précision à ce stade.
Son chiffre d'affaires sur l'année 2015-2016 s'est quant à lui quasi-stabilisé à 4,669 milliards de livres (+0,4%), le groupe ayant transporté un record de 73 millions de passagers.
Son revenu par siège a toutefois reculé de 6,4%, à 58,46 livres, en raison de la baisse des prix du fait d'une multitude de facteurs, dont un carburant meilleur marché, et aussi à cause d'annulations ou retards de vols du fait d'intempéries et de grèves.
La baisse du prix du pétrole fin 2015 et début 2016 a toutefois représenté un effet d'aubaine pour EasyJet, en faisant baisser sa facture de carburant de 85 millions de livres.
"Nous avons des résultats solides dans le contexte actuel. Nous continuons à croître avec un bilan qui est l'un des meilleurs de l'industrie", affirme François Bacchetta, directeur général d'EasyJet pour la France, interrogé par l'AFP.
En particulier, "la France a encore du potentiel de croissance", a-t-il affirmé, soulignant que "malgré le contexte, notre taux de remplissage a été globalement stable", avec près de 17 millions de passagers en France au cours de l'exercice.
- 'Annonce imminente' sur le certificat aérien -
"EasyJet semble s'en sortir plutôt bien malgré les turbulences", remarquait Neil Wilson, analyste chez ETX Capital, alors que l'action s'envolait à la Bourse de Londres, prenant 5,52%, à 1.089,00 pence, vers 14H50 GMT.
Le groupe s'est par ailleurs exprimé sur le Brexit, en confirmant vouloir obtenir un certificat de transporteur aérien dans un autre pays non spécifié de l'UE, ce qui devrait lui coûter 10 millions de livres sur deux ans.
"Je ne peux pas confirmer le pays pour le moment" mais "une annonce est imminente", a indiqué lors d'une conférence téléphonique Carolyn McCall, qui a précisé que le siège du groupe resterait au Royaume-Uni.
Basée à l'aéroport de Luton, dans le nord de Londres, la compagnie avait annoncé cet été qu'elle voulait ce certificat alors que la sortie britannique de l'UE pourrait remettre en cause le droit des compagnies du Royaume-Uni de voler sans contrainte à travers toute l'Europe.