NANTES, Loire-Atlantique (Reuters) - Sous la pression des forces de l'ordre, les agriculteurs ont évacué samedi le pont de Cheviré à Nantes, qu'ils avaient occupé pour protester contre toute expulsion du site du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique).
La police a utilisé des canons à eau et des gaz lacrymogènes pour accélérer le départ des plus récalcitrants.
"La garantie donnée par les organisateurs de quitter le périphérique en fin d'après-midi n'a pas été respectée", a dit la préfecture de la Loire-Atlantique dans un communiqué, pour justifier l'évacuation du pont de Cheviré.
Dans la journée, des milliers de personnes avaient manifesté, avec plusieurs centaines de tracteurs, sur le boulevard périphérique de Nantes
Un collectif d'organisations professionnelles agricoles opposées au projet d'aéroport avait déclaré en milieu d'après-midi que des tracteurs resteraient sur le pont de Cheviré, l'un des deux ponts du périphérique enjambant la Loire, jusqu'à ce que le chef de l'Etat, François Hollande, leur apporte des garanties quand à la suspension de ces expulsions.
C'est un axe stratégique pour la circulation dans l'Ouest de la France. Près de 100.000 voitures l'empruntent chaque jour.
Aéroports du Grand Ouest (AGO), filiale du groupe Vinci concessionnaire du projet d'aéroport, entend réclamer mercredi au tribunal de grande instance de Nantes l'expulsion de paysans installés sur cette "zone d'aménagement différé" (ZAD).
Cette audience devait se tenir entre les deux tours des élections régionales de décembre mais a été ajournée après la conclusion d'un accord entre le Parti socialiste et Europe Ecologie-Les Verts (EELV) sur la réalisation d'une "étude indépendante" sur l'optimisation de l'actuel aéroport de Nantes.
La défaite du vice-président PS sortant Christophe Clergeau, battu par Bruno Retailleau (Les Républicains), a rendu caduc cet accord. Les opposants au projet réclament aujourd'hui au chef de l'Etat, François Hollande, une table ronde et la réalisation de cette même "étude indépendante".
"A partir de là, l'abandon de Notre-Dame-des-Landes coulera de source", estime Julien Durand, une figure du mouvement.
La demande d'expulsion des paysans fait suite au rejet, en juillet 2015, des recours environnementaux des opposants au projet d'aéroport.
Ceux-ci estiment toutefois qu'une expulsion serait contraire aux engagements du gouvernement, qui a subordonné selon eux en 2014 la construction de l'aéroport à l'extinction des recours en justice, y compris ceux en appel et les pourvois en cassation.
Quelque 7.200 marcheurs, 1.600 cyclistes et 350 tracteurs, selon la police, 20.000 manifestants et 400 tracteurs selon les organisateurs, ont défilé samedi sur le périphérique de Nantes pour s'y opposer
Les organisateurs ont dit avoir voulu "préserver de toute tentation" les opposants les plus radicaux au projet. Lors des deux précédentes, dans le centre-ville de Nantes, des casseurs avaient commis d'importantes dégradations.
(Guillaume Frouin, édité par Benoît Van Overstraeten)