Par David Wagner
Investing.com - La Banque centrale européenne (BCE) pourrait selon les analystes annoncer rapidement des mesures de politique monétaire, après que la Réserve fédérale ait surpris les marchés mondiaux par une forte baisse des taux de 0.5% hier.
"La BCE va presque certainement essayer d'intervenir", a déclaré mercredi Florian Hense, économiste européen à la banque Berenberg.
La BCE doit se réunir la semaine prochaine, mais certains analystes n'ont pas exclu une décision antérieure à Francfort, comme l'a fait Powell mardi aux Etats-Unis.
Certains observateurs du marché s'attendent à une baisse du taux de dépôt de 10 points de base dans la zone euro. Toutefois, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, pourrait également annoncer des mesures supplémentaires.
"La BCE pourrait introduire une facilité spéciale visant les PME touchées par la crise, avec des conditions plus souples que les autres opérations d'open market", a déclaré Frederik Ducrozet, économiste senior chez Pictet Wealth Management.
Le taux de dépôt de la BCE, qui est l'intérêt que la banque centrale verse (lorsqu'il est positif) aux institutions financières qui déposent des espèces à la BCE est actuellement à -0,5%.
Ce taux négatif est destiné à inciter les banques à prêter de l'argent plutôt qu'à le laisser à la banque centrale, puisque les dépôts auprès de la BCE sont ponctionnés au taux de 0.5% annuel.
Avant la décision de la Fed, les marchés s'attendaient lundi à une baisse de 10 points de base du taux lors de la réunion du mois d'avril de la Banque Centrale Européenne et à une probabilité de 65% qu'elle puisse agir dès sa réunion de mars, a rapporté Reuters.
Toutefois, d’autres estiment que la BCE n’utilisera pas l’arme des baisses de taux, tout du moins pas tout de suite :
"Nous ne considérons pas une baisse des taux de la BCE comme la réponse politique probable, bien qu'elle ne puisse jamais être exclue comme le compromis le plus facile", ont déclaré les analystes de la Bank of America (NYSE:BAC) dans une note mardi.
La présidente de la BCE Christine Lagarde a déclaré lundi que "l'épidémie de coronavirus est une situation qui évolue rapidement, ce qui crée des risques pour les perspectives économiques et le fonctionnement des marchés financiers".
Lagarde a également déclaré que la banque centrale "surveille" la situation et qu'elle est prête "à prendre des mesures appropriées et ciblées".
Ces déclarations, bien que tardives, semblent effectivement montrer que la banque centrale est sur le point de changer d'orientation et d'assouplir davantage sa politique monétaire en réponse à la crise du coronavirus.
Reuters, citant trois sources familières avec la discussion, a indiqué mercredi que la banque examine un certain nombre d'options et qu'il n'y a pas de plan d'action immédiat, compte tenu des travaux préparatoires nécessaires.
Or, quelles que soient les mesures prises, certains économistes doutent que les décisions de la BCE puissent avoir un impact significatif - après une décennie de politique monétaire facile.
"Le coronavirus et son impact sur l'économie, à notre avis, appellent une politique fiscale plutôt que monétaire", a déclaré Carsten Brzeski, économiste en chef chez ING (AS:INGA) Allemagne, dans une note mardi.
Il a ajouté que "la BCE ne peut pas faire grand-chose, à part calmer les marchés financiers". Pour être franc, à l'heure actuelle, un vaccin serait certainement plus utile qu'une autre baisse des taux".
C'est d'autant plus vrai que compte tenu du fait que les taux sont déjà au plus bas en Europe, la BCE ne peut pas comme la Fed procéder à des réductions de taux "importantes".