par Laurie Chen
PEKIN (Reuters) - La ville de Zhuozhou a été dévastée durant la première semaine du mois d'août par les pires inondations que le nord de la Chine ait connues et désormais, les habitants demandent au gouvernement local pourquoi rien n'a été fait pour les aider.
Des milliers de résidences ont été endommagées à Zhuozhou, ville située à environ 80 kilomètres au sud de Pékin, lors du passage du typhon Doksuri qui a balayé la province du Hebei et le nord de la Chine.
Pour la zone de Baoding, qui intègre Zhuozhou, les pertes économiques s'élèvent à 17 milliards de yuans (2,14 milliards d'euros), selon les estimations du pouvoir local.
"Dans d'autres villes, vous auriez vu des dirigeants se précipiter en première ligne pour coordonner les efforts de recherches, mais à Zhuozhou, ils ont disparu", affirme Wang, bloqué dans son appartement pendant trois jours sans électricité.
"Les groupes de recherches sont arrivés de toute la Chine mais on ne pouvait trouver personne pour la coordination", ajoute Wang.
Wu Chunlei, 42 ans, a vu sa maison de deux étages et son usine être ravagés par les eaux. Il affirme que les villageois ont guidé des groupes de secours vers les zones rurales touchées, remplaçant les fonctionnaires absents.
"Il n'y avait pas de réseau téléphonique et on ne pouvait pas contacter les dirigeants locaux, on ne pouvait se sauver que par nous-mêmes", lance Wu.
Reuters n'a pas réussi à joindre les gouvernements locaux de Zhuozhou et de Baoding.
Dans un communiqué publié dimanche, les autorités locales de Zhuozhou ont affirmé avoir "lancé rapidement un plan de secours" et que le dirigeant du Parti communiste de la ville était "fermement en première ligne de la lutte contre les inondations".
Le président chinois, Xi Jinping, a donné l'ordre par écrit le 1er août de mobiliser "tous" les efforts de sauvetage et a envoyé sur place le vice-Premier ministre, Zhang Guoqing, selon les médias d'Etat.
Le président Xi Jinping et les plus hauts dirigeants chinois sont actuellement éloignés de la vie publique à l'occasion de leur retraite estivale.
Pendant ce temps, de nombreuses publications relayant les événements qui se sont déroulés à Zhuozhou ont été censurées sur les réseaux sociaux.
EVACUATION, INDEMNISATION
A Zhuozhou , plus d'un sixième des 600.000 habitants ont été évacués, certains qui sont restés bloqués sur place affirment que l'attitude des dirigeants locaux les ont poussé à ignorer les ordres d'évacuation. D'autres affirment ne même pas avoir reçu d'avertissements.
"Nous n'avons reçu aucune information", a déclaré à Reuters Zhu, un menuisier qui affirme que les eaux ont atteint quatre mètres dans sa maison, causant plus de 37.000 euros de dégâts.
"Toute la charpente en acier à l'extérieur de ma maison a été emportée, tous mes meubles, outils et machines sont perdus. Les fondations se sont écroulées sur le sol", affirme-t-il.
De nombreux habitants pensent que les dégâts ont été amplifiés par la décision des autorités de rediriger les eaux de Baoding vers des zones de stockage situées près de Zhuozhou.
Ces zones doivent être peu habitées, selon la loi chinoise sur le contrôle des inondations. Les habitants de ces zones ont droit à une compensation financière à hauteur de 70% des dommages causés à leur habitation, toujours selon la loi.
Mais plusieurs habitants de Zhuozhou affirment que leurs demandes d'indemnisation sont restées sans réponse de la part des autorités locales. Le pouvoir chinois a promis que toutes les victimes retrouveront leur domicile d'ici l'hiver.
Zhuozhou n'est pas la seule ville où les habitants protestent contre l'inaction de leur gouvernement.
Dans la ville de Bazhou, à 130 kilomètres au sud-est de Zhuozhou, des dizaines de victimes d'inondations ont organisé une rare manifestation, déployant des pancartes exigeant des indemnisations, selon des vidéos diffusées la semaine dernière sur la plateforme X, anciennement Twitter (NYSE:TWTR).
Reuters a pu géolocaliser ces vidéos mais n'était pas en mesure de vérifier la date à laquelle elles ont été tournées.
(Version française Zhifan Liu, édité par Kate Entringer)